mercredi 16 décembre 2009

Coulisses militantes de Copenhague : le roman photos

Vendredi 11 décembre. Nous nous retrouvons Gare du Nord à 8h du matin, direction le Sommet de Copenhague. Christophe Ventura, Mathieu Agostini et moi-même formons la délégation du Parti de Gauche, qui réunit ainsi les secteurs écologie et international du PG. Nous avons pris le parti d'une délégation resserrée pour « relocaliser » Copenhague sur des actions militantes locales : Forum sur la transition énergétique à Paris et réunions publiques avec les collectifs « Urgence Climatique, Justice Sociale » (UCJS) un peu partout en France.



Pour nous rendre à Copenhague, nous embarquons à bord du train spécialement affrété pour l'occasion par l'ONG internationale « Les Amis de la Terre ». Question de cohérence avec nos engagements écologiques... Et l'opportunité de commencer l'action militante dès le départ. Ce sont en effet 800 militants des réseaux écolos, associations, partis et ONG qui se retrouvent pour 18 heures de trajet à travers la Belgique, l'Allemagne et le Danemark.




A bord, les discussions vont bon train (hum ;). A côté de nous, des adhérents de Sortir du Nucléaire, de Greenpeace ou encore d'Attac. Une discussion surréaliste mais passionnante sur le décompte des anchois avec un collègue de l'Ifremer. Les Amis de la Terre distribuent des sandwichs bio végétariens et des cakes à la lavande. Des reporters d'i-télé et une documentariste indépendante filment l'ambiance militante en passant de wagon en wagon.


En fond sonore, la radio Oxfam, installée dans un wagon transformé en studio, diffuse des émissions en direct. L'occasion de débattre du rôle des politiques avec Cécile Duflot, de réaffirmer nos positions sur l'écologie sociale, notre refus du capitalisme vert, et de soutenir notre campagne pour la mise en place du Revenu Maximum Autorisé. L'occasion aussi de faire un peu de pub à mon bouquin ;)

Le train s'arrête de temps en temps, on en profite pour se dégourdir les jambes et s'en griller une dans le froid. En Allemagne, soudain fermeture des portes sans prévenir, à trente sur le quai on les bloque. On reste vigilants aux pauses suivantes, la perspective de se retrouver bloqués dehors nous enchante moyennement...

L'arrivée à Copenhague, à 2 heures du matin, est rude. Encore une heure de RER local et 30 minutes de marche et nous rejoignons enfin la salle de classe d'une école, hébergement que nous partagerons avec les syndicalistes de Solidaires pour les rares heures de sommeil de ce week end chargé.

Dès le lendemain matin, nous sommes invités à une réunion du Parti de la Gauche Européenne (PGE) que le PG s'apprête à intégrer. Nous y retrouvons la délégation du Parti Communiste Français, avec laquelle nous défilerons pendant la grande manifestation citoyenne de l'après-midi, peu loin des militants du NPA...


Avant de rejoindre la manif, passage au Klimaforum, le lieu du contre-sommet militant, où nous croisons des camarades du PG avec leur drapeau, venus en militants associatifs, des visages cnnus de Notre Dame des landes, comme Ronan de la brigade des clowns, mais aussi José Bové ou encore des journalistes français : Hervé Kempf pour le Monde, Patrick Piro pour Politis... Je réponds à une interview sur le Front de Gauche et les régionales sur fond de militants déguisés en ours polaires. Parfait ;)



Direction la manif. 50 à 100.000 manifestants, sous des mots d'ordre clairs : « Bla Bla Bla... Act now ! », « There is no Planet B » ou encore « System change, not Climate change ! ». 

Malheureusement les syndicats danois n'ont pas voulu participer à la mobilisation, et on sent que ça manque à l'ambiance, déjà un peu plombée par des incidents dès le début de la manif, pendant que nous sommes encore en ville. Et c'est sur les deux groupes du PCF et du NPA que ça tombe : quelques autonomes en noir décident de les encercler avant d'attaquer les policiers Danois à coups de petites bombes. Moment de panique, ça explose un peu partout, je me retrouve à battre en retraite en courant, protégée par Mathieu qui veille au grain. Le cortège est coupé en deux, on a perdu Christophe qu'on retrouve piégé, au-delà du cordon policier... Ambiance.















18h, on retrouve Franck Pupunat et Vincent le Rouzic d'Utopia en fin de la manif à proximité du Bella Center, haut lieu du Sommet où se déroulent les négociations officielles. Il fait un froid glacial, nous avons 18 heures de voyage dans les pattes, dormi 3 heures, défilé 4 heures, essuyé un affrontement entre autonomes et policiers danois, et il faut maintenant se faufiler dans le métro bondé... Il est temps de trouver un peu de réconfort et de chaleur au quartier libre autogéré de Christiania où nous pianotons vite fait un communiqué pour le site du PG avant de retrouver autour d'un verre des militants français, danois et finlandais. Fin de soirée dans un bar où nous retrouvons la délicieuse atmosphère des bars où fumer est encore autorisé, et luttons contre la fatigue en reprenant les Beatles en choeur...

Après cette pause bienvenue, le retour à notre hébergement se transforme en un vrai parcours du combattant, et nous finissons par réquisitionner un taxi déjà occupé, après avoir cherché en vain un bus qui n'existait pas et croisé sur notre route un échantillon de Danois ravis de provoquer des militants écolos... Ambiance. L'épuisement aidant, tout ça se finit en fou rire généralisé et nous regagnons à grand peine notre duvet. Il est 4 heures, à nouveau.


Dernier jour, Dimanche. Et déjà l'heure de prendre le train du retour. La perspective des 18 heures de trajet est adoucie par la « conférence gesticulée » d'un militant d'Attac sur le changement climatique, une belle initiative d'éducation populaire où des cartons dessinés remplacent le sacro-saint « powerpoint » avec simplicité et humour.

Dernier petit dej à Bruxelles. Des contacts sont pris, des adresses échangées, on s'organise en vue des prochaines actions.


Après Notre Dame des Landes et Copenhague... on se retrouve où la prochaine fois ?




Photos : LC, sans qui notre équipée n'aurait pas été tout à fait la même ;)

A lire également le récit d'Hervé Kempf sur son blog au samedi 12 décembre. Extrait : "Dans l’air, des hélicoptères tournent. 12 h 30. Je pars au Klimaforum retrouver Corinne Morel-Darleux et Christophe Ventura, du Parti de Gauche, et deux de leurs copains, que je prie de me pardonner d’avoir oublié leurs noms. Ils sont venus dans le train des Amis de la terre, dix-huit heures de voyage, puis, a l arrivee, du temps pour aller dormir dans un gymnase ou je ne sais quoi, a 40 km du centre, avant de venir ici. Fatigant, mais il parait que l ambiance etait super dans le train rempli de 800 écologistes, Amis de la terre, Verts, Réseau sortir du nucléaire, Oxfam, Attac, plein d autres. Discussions, rires, chansons. Avait même été installée une radio speciale pour le train. Corinne a fait un débat avec Cécile Duflot, qui était dans le train - relations un peu froides, Duflot a annulé récemment une rencontre avec Mélenchon... Les deux partis sont de facto en concurrence électorale - et Europe Ecologie penche vers le Modem, meme si les Verts sont plus a gauche. La politique... On mange un morceau - le cuisinier du Klimaforum est un Français installé au Danemark, il nous vanne, "Alors, les Français, c est bien les vacances ? - Super, on va a la plage, la." En fait, il fait plutôt en dessous de zéro, et tout le monde est chaudement couvert. Je raconte aux amis l’état des négociations, tel que je les comprend, et on y va. "

... et notre note d'analyse sur le site du PG


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