dimanche 22 août 2010

De retour de chez les Verts

J'étais donc vendredi aux journées d'été des Verts - Europe Ecologie à Nantes pour y représenter le PG : une (très) grosse organisation, plus de 2000 militants... Et un moment important, où il s'est dit pas mal de choses.

… Voici quelques éléments politiques, sémantiques et d'ambiance. Totalement subjectifs bien sûr ;)



D'abord, c'est fou le nombre de têtes connues qu'on croise à ces journées d'été
. J'ai eu le plaisir d'y retrouver mes camarades d'Utopia, de discuter avec Dominique Méda et Paul Ariès, de croiser pas mal d'élus de la région Rhône Alpes et des militants avec qui nous partageons un certain nombre de combats.

Pas toujours reconnus hélas... Vendredi, une virée était organisée pour planter un arbre à Notre Dame des Landes. Les dirigeants des Verts-EE ont embarqué Corinne Lepage (Cap 21) avec eux. Je n'ai pas été conviée. Dommage, il aurait peut être fallu leur rappeler que le PG était présent à la semaine de résistance l'année dernière, à nouveau cette année et entre-temps lors du déplacement de l'ACIPA à l'Assemblée Nationale, entre autres. Bon. Ce n'était sans doute pas l'affichage recherché.

Ce qui ressort de ces journées, c'est que les Verts et EE vont finalement bien se structurer dans un mouvement commun lors des Assises qui se tiendront mi-novembre à Lyon. Mais Cohn Bendit est parti avant la fin après de nombreuses manifestations de mauvaise humeur, Duflot le traitant dans la presse de "schtroumpf grognon". Pas mal ;)

La question de l'alliance avec les centristes, selon les medias, serait mieux acceptée qu'à l'époque du débat sur le Modem. Je dois dire que ce n'est pas tout à fait ce que j'ai ressenti sur place, Corinne Lepage n'étant pas franchement accueillie ni très à l'aise. De nombreux militants Verts semblent prêts à résister. Mais même des dirigeants comme José Bové ou Cécile Duflot, pourtant censés être traditionnellement à gauche, ont l'air de s'être fait une raison. Cécile Duflot disant par exemple qu'elle commence à fatiguer des termes "anticapitalistes, socio-libéraux... moi je suis écologiste !" et tous appelant à la grande union anti-Sarkozy sur l'air de : on ne peut pas crier à la crise et à la souffrance du peuple, et ne pas tout faire pour le sortir en 2012... Ça sent le vote utile à plein nez.

Par ailleurs, tout a été organisé pour mettre en scène le lancement d'un programme de gouvernement commun avec le PS. Au-delà de questions de contenu restant à débattre comme sur la croissance, la reconversion industrielle ou le nucléaire, l'alliance EE-PS semble acquise. Et a évidemment été allègrement repris par la presse.

Pourtant, le débat en plénière sur "Quels partenaires pour quel projet en 2012" auquel j'ai participé a quand même fait résonner une petite musique différente...

Des extraits en vidéo ici : j'interviens après Cohn Bendit à la 4e minute sur le productivisme, la planification écologique, le nucléaire ou encore l'UE...

Pas loin de 1000 personnes dans un amphi de 800 places, grosse affluence et salle très réactive, un vrai bonheur ce public ! Nous n'avons eu connaissance des questions qu'une heure avant le débat, j'ai donc remisé l'intervention de politique générale que j'avais consciencieusement préparée :(

Les thèmes / questions posées par l'animateur Bruno Rebelle : 2 enjeux prioritaires pour 2012 (en 3 minutes !!), que signifie le "combat écologique" au PG, sécurité et libertés publiques, stratégie d'alliances pour 2012. Nous étions disposés en trois tables de bistrot réunissant : P Bessac (PCF) / C Lepage (Cap 21), C Duflot / Cohn Bendit, P Moscovici / moi... Bel agencement !

C Duflot et D Cohn Bendit, partis régler leurs désaccords entre quatre yeux à Nantes, sont arrivés avec 15' de retard. Et passeront une bonne partie du débat à papoter, entre eux et avec Moscovici, pendant que les autres intervenants parlent. Pas très classe... Une fois passé le jeu des « j'te serre la main (en ce qui me concerne : Cohn Bendit, Lepage et Moscovici) / j'te fais la bise (va pour Duflot et Bessac) », sous le regard attendri des caméras, le débat a enfin pu démarrer.

Les positions du PG ont été très applaudies (si si !), notamment sur l'écologie qui se doit d'être sociale - répartition des richesses, progressivité de l'impôt, RMA... et sur le capitalisme vert. J'ai rappelé nos principales positions et combats écologistes et antiproductivistes, et bien sûr parlé de planification écologique - en réaction notamment à ce que disait Cohn Bendit sur l'abandon du nucléaire dans d'autres pays européens, je me suis permis de souligner que certains revenaient aujourd'hui sur ces décisions, précisément suite à l'absence de planification de sortie !

Sur le nucléaire, on avait PC-PS d'un côté, Verts EE-PG-Cap 21 de l'autre. Curieuse combinaison... J'ai également fait porter la contradiction sur le Traité de Lisbonne, le rapport au capitalisme (qu'il soit vert ou non !), et sur la capacité du PS à porter une alternative (nous on n'y croit plus). Autant de questions auxquelles les autres intervenants ont soigneusement évité de répondre. J'ai rappelé notre position des régionales et notre choix de non participation aux exécutifs, qui a fait l'objet d'une petite passe d'armes avec Duflot qui a réagi sèchement en parlant de "coups d'éclat" et de la "position confortable d'observateurs"... Sans commentaire.

Côté PS, Pierre Moscovici a habilement joué sur le registre de la sincérité et l'humilité, déclarant que le PS avait été hégémonique mais que cette période était finie, que la « convention nationale du PS sur le modèle de développement » marquait un grand pas dans la prise de conscience écolo du PS, et que les écologistes ne devraient pas en 2012 être cantonnés au Ministère de l'Environnement (très applaudi). Il est revenu sur les limites de la gauche plurielle, plaidant pour un contrat "libre, connu et révisable" pour 2012. Je dois reconnaître que lui et moi avons été les seuls à rappeler avec force le combat pour les retraites de la rentrée, en soulignant le piège de se laisser enfumer par le discours sur la sécurité lancé par Sarkozy, pendant que la cure d'austérité se prépare en coulisses. Au moins un point d'accord...

L'idée selon laquelle il faut inventer une sorte de 3e voie, les termes "gauche" et "droite" ne parlant plus à grand monde, a été porté par D Cohn Bendit mais aussi par C Duflot. Et m'a semblé assez largement partagé par la salle. Malheureusement, au lieu d'en profiter pour réaffirmer que la gauche et la droite sont porteuses de projets de société différents, cet argument est utilisé pour justifier une grande alliance avec les centristes. Cohn Bendit explique ainsi que le cas de l'Italie, où depuis leur brillante idée de s'allier avec les démocrates il n'y a plus de gauche digne de ce nom, n'est pas du à "une gauche pas assez à gauche", mais à "l'évolution de la société". Ah.

Bref, ce fut quand même franchement un bon débat, sans langue de bois et où les vrais sujets ont pu être abordés. Hélas, de nos échanges, les médias n'ont retenu que l'axe Europe Ecologie – PS et le lancement d'un programme commun pour 2012. A la sortie, j'avais de nombreux retours positifs, et plein de nouveaux copains ;) Une bière à la buvette puis j'ai faussé compagnie à C Duflot, P Moscovici, JP Besset et JV Placé qui dinaient ensemble pour rejoindre la réunion des militants d'Utopia à qui j'avais promis de passer.

Par ailleurs, comme j'étais arrivée le matin, j'ai eu le temps de participer à quelques échanges et ateliers. De nombreux débats ont tourné autour de la notion de croissance, PIB et nouveau modèle de développement. J'ai ainsi assisté dans l'après-midi à un atelier "croissance verte ou décroissance ?" où intervenait notamment Paul Ariès. Paul, qui a cité Jean Luc Mélenchon au meeting de lancement du PG, sur le risque de voir disparaitre la gauche en France, et a fait le parallèle sur le risque de voir disparaitre l'écologie politique. Il a également souligné qu' "on n'a pas besoin de laver plus blanc, mais de laver plus rouge et plus vert". Jolie formule ;)

Corinne Lepage, de Cap 21, intervenait aussi dans ce débat. Avec quelques réflexions intéressantes sur le PIB notamment, nous avons eu droit à une sortie étonnante : "nous avons ici un débat de haute tenue intellectuelle, si on l'avait au JT de 20h les gens ne comprendraient pas" (!) puis elle a aligné les positions pro croissance verte, pour un "capitalisme entrepreneurial" mais avec le pouvoir aux salariés et sans pub ?!!, et la nécessité de "faire coller le souhaitable et le possible"... On sentait planer l'ombre de Cohn Bendit ;)

A noter enfin que le bouquin dont tout le monde parle est celui de Tim Jackson : « Prospérité sans croissance. La transition vers une économie durable », chez De Boeck... Et qu'un nouveau Contre Grenelle aura lieu en mars 2011 à Lyon.

… Voilà, vous savez (presque) tout !

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