vendredi 19 novembre 2010

Deux ans seulement, deux ans déjà !... Du Congrès du PG

J'ai été happée ces derniers temps par une brusque accélération du temps, ma participation très intéressante à l'université d'automne du M'Pep et la préparation du congrès du PG qui démarre vendredi, ce qui explique mon silence relatif sur ce blog. On attend 800 participants au Mans, des invités internationaux en pagaille et des intervenants de marque. Des partenaires politiques, des syndicalistes, des militants associatifs, des altermondialistes, des résistants désobéisseurs, des citoyens engagés... Un congrès, ce n'est pas rien dans la vie d'un parti, surtout quand on n'existe que depuis deux ans et qu'il nous reste tant de choses à construire, de pratiques à inventer. C'est aussi l'occasion de faire un point sur la période écoulée, et j'ai prévu d'intervenir pour faire un peu le bilan, à ma manière, de ces deux années de PG et d'animation du secteur écologie politique.

Deux ans seulement ! Deux ans déjà... Depuis qu'en Novembre 2008, Jean Luc Mélenchon a lancé un appel aux écolos et nous a invités à apporter notre pierre à la construction d'un nouveau parti de gauche. Et nous voilà à débarquer avec Franck Pupunat d'Utopia, la tête pleine d'horizons et la bouche pleine d'utopies, avec sous le bras nos trois aliénations à combattre : croissance, conso, travail. Il nous a fallu nous imprégner de république sociale et de souveraineté populaire, de protectionnisme social et écologique... et apprendre les paroles de l'Internationale ! Mais ma foi, le parti creuset a pris, et bien ! entre les doux dingues utopistes et les républicains béton-électricité ;)

Et puis il a fallu structurer le secteur écologie politique du PG, les commissions, qui ont « chou-fleurisé » très rapidement, prouvant l'appétence des camarades du PG pour les questions écologiques, c'est ainsi que le secteur a rapidement regroupé 5 commissions thématiques, comme agriculture, climat-énergie ou écologie et société qui ont été parmi les plus actives. Il a fallu mettre en place des listes d'échange, un collectif d'animation, trouver des militants pour animer tout ça sur leur temps libre, modérer certains, en motiver d'autres, calmer les ardeurs... ça n'a pas toujours été facile. Mais on a tous appris les uns des autres, et quelle fierté quand on regarde le chemin qu'on a parcouru ensemble ! J'en profite d'ailleurs, parce que tout ça est aussi une aventure humaine et collective, pour passer un grand merci aux copains du collectif et à toutes celles et ceux qui font marcher cette belle aventure de dingues.

Il a fallu, bien sur, construire et préciser notre ligne en matière d'écologie. Une écologie politique et sociale, sans se laisser happer par l'environnement, au détriment du progrès humain, sans laisser le vert manger le rouge... ni l'inverse. En revenant toujours puiser nos analyses aux sources du système, par le biais de l'antiproductivisme et de la lutte contre le capitalisme vert, sans tabous et sans exclusive, en allant chercher ce qui se fait de mieux du côté de l'objection de croissance autant que du marxisme, de l'autogestion aux luttes antinucléaires, dans la lignée de Gorz, nourris par Hervé Kempf, Paul Ariès ou encore Aurélien Bernier pour ce qui est de nos contemporains. Nous sommes allés puiser partout, et nous en avons gardé le meilleur :)

C'est ce qui nous a permis de mener le débat de manière argumentée avec nos amis communistes y compris sur le nucléaire, sans dogmatisme, de faire le lien avec nos camarades de la gauche des verts, en participant notamment à leurs journées d'été à Nantes sur un discours clairement de gauche, de développer des passerelles avec les réseaux décroissants et de l'écologie radicale, de monter des événements communs avec le Sarkophage, de publier des tribunes républicaines dans le journal la Décroissance, ou encore d'inviter les Déboulonneurs et les antipubs à la Fête de l'Huma... En n'étant pas toujours là où on nous attendait, en assumant notre petit pas de côté.

Nous avons vécu de bons, très bons moments. Comme à titre personnel l'énorme diffusion militante du petit bouquin paru chez Bruno Leprince sur « l'écologie, un combat pour l'émancipation », mais aussi bien sûr cette folle équipée à Notre Dame des landes dont on se souviendra longtemps, et qui a, je crois, marqué l'entrée du PG dans les cercles écolos. Et bien sûr l'arrivée de Martine, François, Jean Charles, Marie Jeanne, Jean Pierre et les autres camarades de la gauche Ecologiste !

… Et ce n'est pas fini. Mieux, ça ne fait que commencer. Nous avons encore un programme de gouvernement à finaliser, et pas mal de discussions passionnantes à venir : sur le revenu universel et le rapport au travail, sur la gratuité et la valeur d'usage, les logiciels libres, les villes en transition... Les chantiers antiproductivistes pour inventer une autre société, citoyenne, solidaire et écologique, ne manquent pas.

Les combats écologiques non plus ! les camarades du PG, un peu partout en France et ailleurs, ont mené la bataille sur le terrain : contre les lignes THT, notamment celle du Cotentin-Maine, le projet d'autoroute Castres-Toulouse dans le Tarn, le terminal charbonnier à Cherbourg, l'EPR de Penly, ou encore l'agrandissement du port de plaisance de Mandelieu près de Cannes pour accueillir des megayachts, le soutien aux procès de faucheurs, de désobéissants, de lanceurs d'alerte, et tant d'autres actions militantes... Avec la créativité qui caractérise le PG, je pense notamment aux occupations de grandes surfaces contre le travail du dimanche et aux chorales militantes contre le capitalisme vert !

Dans un registre plus institutionnel, nos parlementaires n'ont pas été en reste. Et de belle manière, entre les dépôts d'amendements pour le Grenelle 2, les propositions de loi sur la fiscalité écologique et la planification écologique, les votes de JL Mélenchon au Parlement européen, que ce soit sur la résolution climat en novembre 2009 contre le nucléaire comme solution aux émissions de GES et contre les mécanismes financiers du marché carbone, mais aussi sur la pêche au thon rouge, contre la commercialisation de produits issus d'animaux clônés, contre les OGM ou en faveur de l'étiquetage énergétique.

Tous ces votes, ces communiqués, ces interventions publiques ont été rendus possibles grâce au travail d'argumentaire et de propositions réalisé par les commissions et l'organisation de Forums nationaux : sur la planification écologique que nous voulons, c'était au Sénat en janvier 2009, et c'est dire le symbole de ce premier événement d'un PG tout juste créé ! Mais aussi sur la création d'un pôle public de l'énergie pour accompagner la transition énergétique, sur le développement d'une agriculture paysanne et vivrière, sur de nouveaux modes de production et de consommation, un autre rapport à la publicité et aux médias, et la responsabilité d'une oligarchie de très riches dans le désastre productiviste et consumériste actuel.

Grâce à ce travail d'élaboration collective, nous avons ainsi pu systématiquement faire des propositions concrètes, à la hauteur d'un parti de gouvernement, à chaque fois que nous dénoncions les tartufferies du gouvernement et des libéraux. Ces champions du Grenelle qui sans vergogne ont défendu les méga-camions, sacrifié le frêt, accordé un an de concession gratuite aux autoroutes privées, accepté sans sourciller les hausses des tarifs de l'énergie, et défendu un projet de taxe carbone écologiquement inefficace et socialement injuste...

Nous y avons répondu, de Copenhague à Cochabamba, en passant par l'Equateur avec la défense du projet Yasuni ITT, en portant haut et fort, en France et à l'international, les revendications d'urgence climatique et de justice sociale. Et nous sommes bien déterminés à continuer.

Adalante companeros !

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