samedi 18 décembre 2010

L'agriculture paysanne et les ceintures vertes s'invitent a la Région

La dernière assemblée plénière a vu l'aboutissement du travail de la commission agriculture et développement rural sur la délibération cadre qui va servir de ligne pour les 4 ans de mandat a venir. Voici mon intervention et l'amendement que nous avons déposé pour le front de gauche. Je dois dire que je suis assez contente de l'avoir fait adopter :)

Le combat pour les "ceintures vertes" continue, sur le terrain comme dans les institutions et les consciences...

Un seul regret, on n'a pas réussi à faire passer le terme de "souveraineté" alimentaire avec EELV, ça restera "sécurité et indépendance". Le PS nous ayant clairement dit que le terme renvoyait trop fort aux débats TCE de 2005... Délire. Y a vraiment un truc à relancer :)

Voir l'amendement déposé

ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE RÉGIONALE / 15, 16 et 17 décembre 2010

Intervention de Corinne Morel Darleux pour le Front de Gauche

Nouvelles orientations de la politique régionale agricole et de développement rural

Cette délibération cadre sur l’agriculture nous parait particulièrement importante. Non pas tant parce que l’agriculture serait au cœur des compétences propres de la Région, ni parce que son budget serait d’un montant particulièrement élevé, hélas, mais bien parce que l’agriculture est au cœur de différents enjeux, comme cela a été rappelé par Michel Grégoire et Olivier Keller.

L’enjeu alimentaire évidemment et il est important de rappeler que la mission première de l’agriculture est bel et bien de nourrir les personnes et de faire le lien avec les questions de santé. Notamment par la question de l’agriculture de qualité, biologique et du refus des OGM.

Deuxièmement un enjeu économique, d’aménagement du territoire et de développement rural. C’est une question qui est aussi prise en compte dans la manière dont nous sommes organisés au niveau de la vice-présidence et dans la commission agriculture et développement rural. Ce qui passe par le biais notamment de ce qui est fait en matière de structuration des filières sur l’amont et sur l’aval et sur la lutte contre la désertification rurale.

Troisièmement l’enjeu environnemental. Cela a été souligné par Olivier Keller, cet enjeu semble de mieux en mieux intégré et pris en compte dans les différentes délibérations régionales.

Et un quatrième enjeu qui est celui de la solidarité internationale. Puisque nous sommes aujourd’hui dans un contexte où par le jeu du libre échange mondialisé et par les politiques qui sont menées à la fois par l’OMC, la banque mondiale et le FMI, nous avons vu un certains nombre de pays obligés de passer d’exploitations familiales sur des cultures diversifiées à de la monoculture intensive, principalement destinée à l’exportation, ce qui va porter un coup certain à la question de la souveraineté alimentaire et du droit des peuples à se nourrir et des paysans à vivre dignement de leur travail.

Dans le même temps, on a pu constater un certain nombre de dérives au niveau de l’Union Européenne, notamment sur la dérégulation. Mais également sur la manière dont la politique agricole commune a été menée et sur un recours massif aux subventions aux exportations qui, joint à la question de la spéculation financière sur les denrées alimentaires, à la spéculation financière maintenant sur les terres elles-mêmes qui font l’objet d’une marchandisation accrue, à la main mise des grands semenciers, aboutit à un certain nombre de constats très alarmistes.
 


D’abord le fait qu’un certain nombre de pays se sont vus retirer leur capacité à un développement endogène. Ils sont maintenant entièrement dépendants de leur balance commerciale. Ensuite des problèmes d’alimentation dans certains pays, il y a quelques années on a assisté à des émeutes de la faim, on en parle un peu moins mais ça continue et c’est important de le souligner. Enfin la ruine d’un certain nombre de petits paysans, tous ceci menant notamment à des situations sociales de faillites et de migrations forcées absolument catastrophiques. Sans compter sur le plan environnemental bien entendu, la pollution des sols pour de très nombreuses années, les maladies qui se développent de plus en plus au niveau des agriculteurs « chimiques » qui sont les premiers à pâtir de l’utilisation des intrants chimiques et puis l’exploitation intensive des écosystèmes comme on le voit aujourd’hui avec le syndrome d’effondrement des abeilles qui doit nous alarmer sur l’état de la biodiversité et de nos territoires. 

Tout cela souligne les limites d’une logique productiviste du modèle agro-industriel qui a été développé ces dernières années et c’est un grand motif de satisfaction pour nous de voir que ces limites ont été très largement intégrées dans la délibération qui nous occupe aujourd’hui.

Bien entendu la Région Rhône-Alpes ne peut pas à elle seule s’affranchir des règles du commerce mondial, elle ne peut pas à elle seule décider de sortir de l’OMC, mais elle peut contribuer à un certain nombre de ces points. Sur le refus des OGM, sur le développement de l’agriculture paysanne, vivrière, biologique et de qualité ; sur la question de la relocalisation, nous avons dans cette délibération plusieurs volets qui couvrent ces questions.

D’abord le fait que l’ensemble de la filière couvrant à la fois les questions de production, de transformation (la question des abattoirs qui a été évoquée tout à l’heure) et de commercialisation, l’ensemble de ces volets sont pris en compte. On agit bien à la fois sur le volet production et demande, c'est-à-dire que la Région notamment par le biais des lycées est le premier restaurateur collectif et a évidemment là un levier extrêmement important en termes de débouchés pour la production agricole. Pour ce qui est de la sollicitation et du développement de la production, il y a un certain nombre de choses qui vont dans le bon sens en matière d’installation, de développement des emplois dans l’agriculture biologique notamment. De éléments sur la question des circuits courts, sur la question de la cohérence environnementale, en prenant en compte tout ce qui est fait au niveau du plan climat et du schéma régional, et puis des questions sur la préservation du foncier et des ceintures vivrières en périurbain, même si à ce sujet nous avons souhaité déposer avec notre groupe Front de Gauche un amendement que je présenterais ensuite.

Pour toutes les raisons que je viens d’invoquer notre groupe votera en faveur de cette délibération. Je tiens à saluer le travail collectif effectué en amont avec la commission et avec les services qui ont effectué un travail remarquable d’intégration en amont sur l’ensemble de ces points.

Enfin, je voudrais rappeler deux évidences :
- il n’y a pas d’agriculture sans paysans
- et il n’y a pas de paysans sans terres !

L’étalement urbain grignote ce que le béton n’a pas encore recouvert. Ici un circuit de Formule 1, là un aéroport ou encore un Décathlon… Tout ceci alimente la spéculation immobilière, éloigne l’agriculture des villes et des habitant-e-s, augmente les transports polluants.

Pour toutes ces raisons, pour être cohérents avec nos objectifs d’une agriculture de proximité, nous proposons d’amender cette délibération en faveur de la préservation et du développement du foncier agricole au sein et en périphérie des zones urbaines.

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