mercredi 30 mars 2011

Embedded...Une journée a Bruxelles (2)

8h
Je relis avec délices l'édito de Barbier dans l'Express d'hier, je cite : "Dans le fracas du monde, le politique s'avance soudain dans l'uniforme du chef de guerre, à la fois cuirassé et fragile, médaillé de volonté et doublé d'humilité. Se prendre pour un justicier planétaire, c'est jouer l'apprenti sorcier, dépassé par les conflits qu'il allume. Ne songer qu'à la prudence et à la circonspection, c'est rejoindre le camp des pleutres et des neutres, qui n'ont pas de sang sur les mains, mais qui n'ont pas de mains. Pour l'heure, la guerre de libération de la Libye, inspirée par Nicolas Sarkozy, évite ces deux écarts."

Pure poésie... C'est pas au Venezuela, ni à Cuba, mais en France... Qu'est ce qu'on aurait entendu si on avait lu ça dans un  de ces pays, les mines effarouchées des Plantu et autres editocrates hurlant au dictateur cocaïnomane...

Avec mon ami camarade de Caracas, nous avons discuté hier soir de la Lybie, et de la farouche opposition des pays de l'Alba a l'intervention militaire. Échangé sur la nécessité d'aller prendre le temps de parler avec les gens dans les foires agricoles, les coopératives de village, au sein des initiatives locales, de les ecouter surtout. Et de m'appuyer sur mon mandat pour utiliser les medias sans se laisser abuser, happer, mais en les saisissant pour donner a voir les expérimentations qui fleurissent sur le terrain... Thierry m'a emmenée manger un chili con carne sur fond de telesur dans le seul bistrot de Bruxelles où on peut boire une blanche en écoutant Chavez ;)

Et une fois encore, j'ai appris en parlant, sur les medias citoyens et la conscientisation des masses ; ça m'a permis de formuler plein de choses qui se bousculaient dans ma tête sur l'état de la politique française et le fait qu'on ne fait pas assez peur au pouvoir en place, sur l'impérieuse nécessité de dire non en politique, sans laisser ça au faux nez antisystème du fn, et de porter haut et fort une radicalité concrète, une utopie d'espoir... ça m'a fait du bien ; je me sens debout, plus forte, plus grande.

9h20
Retour a la Lybie, vue de l'UE cette fois, avec le service Européen d'action extérieure... Renforcer la sécurité de l'action humanitaire mise en place par la commission, gel des avoirs et des voyages pour les autorités lybiennes, blocage des exportations de pétrole et de gaz, soutien a l'embargo et a la zone d'exclusion aérienne...

On enchaine sur Ashton qui préside le conseil des ministres des affaires étrangères, seule présidence non tournante, pour la durée de son mandat. Et sur les révolutions du monde arabe avec une nouvelle communication sur les relations UE / Méditerranée : moins d'accords de gouvernement à gouvernement, moins d'institutionnel, plus d'acteurs non gouvernementaux et de société civile, une "assistance a la démocratisation", aux reformes politiques, un appui aux parlements, a la liberté d'expression et d'association, aux medias indépendants... Curieux écho inversé de nos discussions d'hier soir.

Et de la création d'emplois pour donner des perspectives, un accès au marché Européen plus important, notamment sur les exportations de produits agricoles du Sud avec une ouverture accrue du marché Européen, toujours les mêmes recettes perdantes qui sapent la souveraineté alimentaire et ruinent les paysans du Sud :( ... Plus de mobilité entre les deux rives, pour une migration organisée et dans la durée... une immigration "circulaire, temporaire, restreinte" à certaines catégories de population : jeunes, étudiants, diplomates, hommes d'affaire... ben tiens. Le président de la commission Europe / International de la Région, quelques minutes plus tard : "un des succès de l'Europe a été d'abolir les frontières".

10h30
Un long blanc.

11h30
Je sens venir l'occasion de poser la question de l'indicateur PIB. La politique dite de cohésion de l'UE vise a harmoniser en gros le niveau de vie des différentes régions européennes. En jouant sur l'emploi, en construisant des routes, des infrastructures... Et l'indicateur retenu pour évaluer a la fois les besoins et les progrès, c'est le PIB. Qui comme on le sait peut augmenter suite a une catastrophe environnementale qui relance la croissance (!) et est bien loin d'être le juste reflet de la qualité de vie d'une population.

12h30
Assommée. 20 diapos plus tard, plus le courage de poser la question.

14h45
Me suis échappée du déjeuner officiel, assise 5 minutes dans l'herbe au soleil, perdue entre les grands bâtiments froids de Bruxelles, d'un bureau du Comite des régions à l'autre, ai pesté contre mon opérateur en panne technique et tenté de récupérer mes mails en vain... Et me voilà a la session d'ouverture des Assises de la coopération décentralisée. 650 inscrits. Chacun son casque sur les oreilles dans une vaste salle d'écoute. Et un réseau wifi ! :)

16h30
Je visite les coulisses du Parlement Européen, vaste bâtiment, guidée par ma camarade de la GUE. Un coiffeur, des stands des lobbies présents, que dis je installés sur place !, une Poste, fermée pour cause de braquage. A quoi servent donc tous ces portiques, badges, accréditations, gros bras et uniformes ? On descend dans les entrailles du PE, comme un hall d'aéroport qui se prolonge par un parking et débouche entre deux voitures sur la supérette du Parlement. Enfin un bon point pour l'UE : ici on peut acheter des clopes a la caisse des supermarchés :) Tout est surréaliste ici. Hors du temps. Un autre monde, feutré et policé. La violence froide et silencieuse du système ?

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