vendredi 30 novembre 2012

Contre-budget 2013: l'économie au service de l'humain (Tribune Mediapart)

mediapart.jpgFruit d'un travail collectif entre les secteurs économie et écologie politique du Parti de Gauche, voici une tribune en plein dans l'actualité gouvernementale et parlementaire d'adoption du budget d'austérité et d'ouverture du débat sur la loi de finances rectificative.

Nous y affirmons qu'un autre budget est possible, loin du productivisme et de l'austérité, au service de l'écosocialisme en conciliant besoins humains et défense des écosystèmes. Cette tribune fait le lien entre le contre-budget présenté par le Parti de Gauche et nos prochaines Assises pour l'écosocialisme.

J'ai le plaisir de la co-signer sur Mediapart avec Jacques Généreux, notre secrétaire national à l'économie, Mathieu Agostini, président de la commission écologie et Guillaume Etievant, président de la commission économie du PG.

Contre-budget 2013: l'économie au service de l'humain

Alors que le Sénat a rejeté mercredi soir le volet recettes du budget 2013, Mathieu Agostini, Guillaume Etievant, Jacques Généreux et Corinne Morel Darleux, du Parti de gauche, proposent un « contre-budget », basé sur « l'écosocialisme » qui « met l'économie et le système productif » au service des « besoins humains » et de « la défense des écosystèmes ».

En plein débats parlementaires sur le budget d'austérité, nous affirmons qu'un autre budget est possible, conciliant besoins humains et défense des écosystèmes, bien loin des ambitions de l'actuel gouvernement PS-EELV.

Celui-ci a commencé par remiser son affichage "écologiste" : nomination de lobbies pétroliers et nucléaires à la tête du débat national sur la transition énergétique, maintien du projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, report de la fermeture de Fessenheim, ambiguïtés sur l'extraction des gaz de schiste… La présence de ministres d'EELV n'apporte même plus la moindre touche verte à ce gouvernement, tout juste un vernis désormais écaillé. L'écologie n'a décidément rien à gagner à de telles compromissions.

C’était pourtant prévisible. Les membres d’EELV ne peuvent pas peser dans ce gouvernement car l’écologie est indissociable de la politique économique générale qui est mise en place. Le choix de Jean-Marc Ayrault de présenter un budget d’austérité basé sur une politique de l’offre, c’est-à-dire axé uniquement sur l’obsession d’écouler les productions, de la compétitivité et du « coût » du travail, lui interdit toute ambition écologique. On ne peut pas à la fois s’aplatir devant les intérêts de la finance et du grand patronat et œuvrer à la protection de l’intérêt général humain qui inclut son écosystème. La préservation de la planète est incompatible avec la résignation à servir les intérêts des actionnaires et des agences de notations.

Ce gouvernement ne cesse de courir après le triple A au lieu d'engager la transition écologique. Le Ministère de l’Écologie voit ainsi son budget diminuer de 5% et de plus d’un milliard d’euros d’ici à 2015. Les Ministères de la ville et de l’Agriculture voient quant à eux leurs budgets amputés respectivement de 5% et 10%. Ce sont également plus de 600 emplois qui devront être supprimés dans ce Ministère. Dernier exemple, le budget de l’Agence en charge du développement des infrastructures de frêt doit diminuer de 9% dans la prochaine Loi de Finance Rectificative pour 2012, alors que la limitation du trafic des camions devient un impératif pour la relocalisation de l’activité. La situation devient aujourd’hui pire que sous Sarkozy.

S'ils ne savent pas financer la bifurcation écologiste, nous on peut !

A l'inverse, le Parti de Gauche propose un contre-budget qui prend l'argent là où il est pour le mettre à disposition de l'intérêt général et donc le tourner vers la protection de l’écosystème humain. L’équilibre de ce dernier est nécessaire à la vie humaine, il est une condition nécessaire à l’émancipation et au progrès humain. Tel est notre projet écosocialiste qui s’appuie sur la planification écologique et le débat démocratique pour faire émerger de l'intelligence collective une société du « buen vivir », comme l’appellent nos compagnons d’Amérique Latine.

Notre contre-budget prouve qu’on peut être efficace économiquement tout en sauvegardant les équilibres écologiques. Notre politique de relance de l’activité par la demande permettrait de dégager 30 milliards d’euros d’économies. En supprimant les niches fiscales sans intérêt économique et anti-écologiques, nous récupérerions au moins 42 milliards d’euros par an. En réformant intégralement le barème de l’impôt sur le revenu, en le rendant plus progressif et en y réintégrant les revenus du capital, c’est plus de 20 milliards d’euros qui rentreraient dans les caisses de l’État. A cela s’ajouterait notamment la taxation à la source de la dépense publicitaire des entreprises et la hausse de la TVA sur les produits du secteur du grand luxe.

Nous faisons la démonstration que lorsqu’on fait le choix d’affronter le capital et les rentiers, les ressources ne manquent pas. Elles nous permettraient de dégager les moyens de la transition énergétique, de la relocalisation et de la reconversion écologique de notre industrie. Un pôle public énergétique serait créé par la nationalisation d’Areva et d’EDF-GDF pour un coût global de 39,8 milliards, financé par un emprunt d’État remboursé par les profits de ces entreprises. La réduction de nos consommations par l'efficacité énergétique - permettant la sortie du nucléaire – serait financée, et l’utilisation des énergies renouvelables doublée en cinq ans. Pour relocaliser l’activité, notre budget prévoit par ailleurs 2 milliards d’euros par an pour un Plan national de Fret Ferroviaire permettant enfin de faire passer les camions de la route au rail.

L'écosocialisme dont nous nous voulons porteurs impose de remettre l'économie au service de l'humain et d'inverser la logique traditionnelle de l'offre et la demande : il ne raisonne pas en termes de production à écouler sur le marché, mais au contraire met l'économie et le système productif au service des besoins sociaux, incluant le droit de tous à vivre dans un environnement sain et donc le devoir de respecter les équilibres qui nous lient à la nature. Nos décisions collectives doivent être guidées par les besoins réels et non des estimations de profits tirés de la mise sur le marché de produits programmés pour tomber en panne, devenir démodés et produire des tonnes de déchets souvent exportés dans les pays du sud au détriment de la santé des populations locales. Elles ne doivent pas suivre les injonctions austéritaires de l'Union européenne et des agences de notation, mais l'intérêt général et le progrès humain. C'est possible et nous en faisons la démonstration !

Mathieu Agostini, président de la commission écologie du PG

Guillaume Etievant, président de la commission économie du PG

Jacques Généreux, secrétaire national à l'économie du PG

Corinne Morel Darleux, secrétaire nationale à l'écologie du PG

Le Parti de Gauche organise le 1er décembre les Assises pour l'écosocialisme, pour tout renseignement : ecosocialisme.com

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