samedi 30 mars 2013

Des climato-sceptiques, du marché carbone, de la précarité énergétique et un sourire (plan climat à la Région)

IMG_1919.JPGEt voici mon intervention sur le plan climat en session régionale. Un coup de sang contre les climato-sceptiques du Front National, un coup de griffe au marché carbone, un coup de projecteur sur la précarité énergétique, le malus énergie e les politiques d'austérité, et pour finir un sourire autour de la reprise de l'idée de planification... Enjoy.

Intervention pour le groupe Front de Gauche Rhône Alpes - Plan Climat de la Région Rhône Alpes

Corinne MOREL DARLEUX

En préambule je voudrais souligner au nom du groupe Front de Gauche que cette délibération a bénéficié d’une bonne préparation en amont : en effet non seulement elle fait suite à des décisions déjà votées aux échelles nationales et régionales mais elle a également été largement préparée en amont et collectivement, notamment au sein du comité climat. Nous regrettons tout de même que les différents avis issus de la concertation en Région ne nous est pas été accessibles, notamment ceux du réseau Energie-Climat, ce qui aurait pu davantage nourrir notre réflexion et permis d’avoir un meilleur retour des territoires rhonalpins. Mais enfin le bilan est positif et nous en remercions tous ses acteurs.

L’urgence climatique nous impose de devoir relever de nombreux défis avec l’impérieuse nécessité de s’attaquer aux causes majeures de pollutions et de mettre les moyens nécessaires pour une véritable transition écologique. Et ce, en zone rurale comme en ville, où les épisodes d’alerte aux pollutions aux particules fines se multiplient et s’intensifient chaque année sans que l’on en connaisse les réels effets sur la santé des habitants. C'est dans ce cadre que la première version du plan climat a été adoptée en février 2012. Notre groupe avait alors exprimé sa satisfaction de la démarche volontariste menée par la Région Rhône-Alpes sur les politiques énergétiques depuis plusieurs années. Nous avançons dans la préoccupation d’intégrer les effets du changement climatique dans la gestion des ressources en eau, des écosystèmes, même si certains esprits réactionnaires dans cette assemblée en sont encore à se poser la question de l’existence du réchauffement climatique et à promouvoir les énergies fossiles.

Nous nous étions d’ailleurs réjouis l'année dernière de la plus grande critérisation de nos politiques régionales, ce qui semble se poursuivre dans cette nouvelle version avec, nous le souhaitons vivement, l’introduction de critères carbone dans l’attribution des subventions régionales. Nous notons également avec satisfaction que le recours aux crédits carbone se fait moins présent. Tant mieux ! Ces mécanismes financiers font de plus en plus la preuve de leur inefficacité et démontrent par la même que ce n’est avec les outils issus de la logique libérale que l’on règlera les problèmes crées par ce système mais qu’il faut bien un changement radical de modèle. On sait aujourd’hui qu’une fois le marché du carbone écroulé, il devient plus rentable pour les entreprises de continuer à payer des droits à polluer plutôt que prendre des mesures concrètes. Plus de cent-dix organisations de la société civile ont d’ailleurs rendu publique une déclaration qui exige de l’Union européenne (UE) qu’elle abandonne le marché du carbone européen (ETS). Après sept ans d’échecs répétés, l’UE a perdu toute crédibilité dans ce domaine. Ils pointent les dérives et l’inefficacité de ce mécanisme, et le constat est frappant : le marché carbone européen n’a pas réduit les émissions de gaz à effet de serre ; il a fonctionné comme un système de subvention pour les pollueurs ; il se caractérise par des prix du carbone volatiles et en baisse ; il accroît les conflits sociaux et environnementaux ; il incite à la fraude ; nous enferme dans une économie dépendante des énergies fossiles ; il est source de gaspillage de l’argent public et enfin le marché carbone ferme les portes à d’autres politiques, véritablement efficaces, de lutte contre le changement climatique et de transition énergétique.

La version qui est soumise au vote aujourd’hui rentre dans les détails de la mise en œuvre de ce plan à-travers les fiches actions. Il tient compte des remarques que nous avions précédemment émises, en particulier sur la nécessité de travailler à plus de transversalité et de cohérences avec les autres politiques. D’où le travail réalisé avec les Vice-présidents sur les fiches actions afin, comme le souligne la délibération, « de permettre durablement l’intégration de l’enjeu climat dans les politiques régionales, la mise en œuvre de chaque action du plan climat incombant à la délégation dont relève le champ d’action concernée ». Nous soulignons que cet effort doit être poursuivi car il est une condition sine qua non à la réussite du plan climat. Les objectifs chiffrés et ciblés sur les principaux domaines de l’action régionale devraient contribuer à atteindre ce but. Un regret et un souhait tout de même : espérons tout de même que les élus montreront plus d’intérêt que les présidents de commissions pour l’élaboration de ce plan climat.

Enfin j’aimerais dire un mot sur le volet précarité. Nous ne pouvons dissocier les enjeux climatiques des préoccupations sociales qu’ils engendrent. Aussi nos politiques énergétiques doivent être mises en relation avec la question de plus en plus prégnante de la précarité énergétique (les 20% de ménages les plus pauvres consacrent à l’énergie une part de budget 2,5 fois plus élevée que 20% des ménages les plus riches ; selon rapport Fondation Abbé Pierre sur mal-logement) Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet lors du prochain débat sur la transition énergétique mais se pose à nous la question de la cohérence politique entre nos institutions. En effet, alors que la Région tente de travailler à la rénovation thermique des bâtiments à une échelle somme toute bien modeste face à l’ampleur des besoins, attention aux malus énergie qui menacent la péréquation tarifaire, l’égalité républicaine et l’accès de tous à l’énergie de base. Je pense bien sûr aux foyers les plus mal logés, ceux vivant dans des passoires thermiques. Attention aux politiques gouvernementales d’austérité, qui se rétractent sur la rénovation d’un million de logements pour passer à l’objectif de 500 000 par an et baissent le budget 2013 du ministère de l’écologie. Nous serons vigilants à ce que les bonnes volontés affichées de la Région ne soient pas réduites à néant par le contexte national.

Pour conclure sur une note d’amusement et quelque satisfaction, nous observons que certains éléments qui constituaient le socle du programme du Front de Gauche comme le conditionnement des aides aux exigences sociales et environnementales font aujourd’hui leur chemin et l’on retrouve dans le programme II de ce plan climat un vocabulaire qui nous était pourtant reproché il y a quelques temps... Je cite: « la Région accompagne les acteurs locaux dans leur mission de planification territoriale, diffusant ainsi les orientations stratégiques régionales en matière de planification, d’aménagement, de foncier et de développement des territoires ». La planification "écologique", encore un effort et l’on y sera presque…(sourire). Merci.

Haut de page