samedi 1 juin 2013

Appel aux marcheurs pour une 6e République. Soyons tou-te-s des semeurs de blé (Victor Hugo)

portrait_corinne_md_2.jpgLe 5 mai dernier, il y a à peine un mois, nous étions 180.000 citoyennes et citoyens à marcher dans Paris contre l'austérité et la finance, pour une 6e république.

A l'époque, il y avait l'affaire Cahuzac, aujourd'hui il y a l'affaire Lagarde – Tapie. Chaque jour on le voit, loin de mener la guerre à la finance, c'est la finance qui continue d'imposer sa loi au gouvernement. Soumission aux lobbies économiques et médiatiques, et maintenant à la commission européenne... Non content d' avoir fait adopter le TSCG, le nouveau traité libéral européen rédigé par Merkel et Sakozy, François Hollande s'est empressé d'accorder au Medef un plan de compétitivité de 60 milliards sans contrepartie, il a fait passer en vote bloqué au Sénat l'ANI qui fragilise un peu plus les salariés, et prépare maintenant une nouvelle réforme des retraites pour satisfaire aux exigences de la Commission européenne. En revanche le gouvernement et le PS refusent l'amnistie pour celles et ceux qui ont lutté durant le règne de Nicolas Sarkozy ! (voir ici le communiqué du Front de Gauche)

Non décidément le changement n'est pas au rendez-vous. En tout cas pas du côté du gouvernement... Parce qu'en revanche du côté citoyen, du Front de Gauche, des syndicats, des associations, et de certains élus d'Europe Écologie, à l'inverse, ça bouge bien. Et l'on voit se dessiner la possibilité d'une nouvelle majorité alternative (écouter mon interview sur Reporterre à ce sujet), contre l'austérité et la casse des services publics, qui doit se renforcer. Mais rien ne se fera sans l'implication populaire. C'est pourquoi nous proposons aujourd'hui de redonner la parole au peuple par une assemblée constituante permettant de réécrire, collectivement, notre Constitution et d'instaurer la 6e république.

Une assemblée constituante, comme d'autres l'ont fait avant nous, au Venezuela ou en Équateur. Une assemblée du peuple, composée de citoyens qui n'auront jamais été élus auparavant. Dans ce processus d'assemblée constituante, chacun pourra faire valoir ses arguments et ses choix en tant que citoyen, pour aller vers une 6e république qui permettrait par exemple qu'il ne soit plus possible, à 54 ans, de cumuler 47 années de mandats comme le fait le député maire UMP Hervé Mariton dans la Drôme.

Une 6e république qui ne permettrait plus que le Président de la République, également chef des armées, co-prince d'Andorre et Chanoine de Latran, puisse agir comme un monarque. Nous avons à ce titre remporté une première victoire le 15 mai dernier : les députés ont abrogé le délit d’offense au chef de l’Etat, survivance du droit monarchique. Reste à supprimer l'archaïsme du délit de blasphème encore en vigueur en Alsace-Moselle !

Reste à se battre pour que le président du CSA ne soit plus nommé par le Président de la République, que les marchands d'armes et les oligarques du CAC 40 ne puissent plus posséder les médias chargés d'informer les citoyens. Comme le proclamait le programme du CNR « Les jours heureux » dont on va bientôt fêter les 70 ans, il reste des combats à mener pour « la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État et des puissances d’argent ».

Ouvrir le débat sur la 6e République c’est aussi débattre du droit de vote des étrangers, des budgets participatifs notamment d’investissement, du référendum d’initiative populaire, de la révocabilité des élus et du suivi des promesses de campagne, du contrôle citoyen sur les grands choix énergétiques, de planification écologique et de l'inscription de l'impératif écologique et de la règle verte dans la constitution en lieu et place de la règle d'or de l'austérité, pour qu'on ne puise plus prélever sur la biosphère plus que ce que la nature est en capacité de nous offrir et de reconstituer...

Voilà, ce ne sont que quelques pistes. Car la beauté de la 6e république et de la constituante, c'est justement que chacune et chacun pourra y contribuer avec ses propres idées. Et nous ne sommes pas seuls à lancer cet appel à la Révolution citoyenne, à l'insurrection des consciences. Cette marée citoyenne qui grandit est composée d'une multitude de vagues européennes : des manifestations ont lieu ce week end en Espagne, au Portugal, et partout en France avec plus de 50 répliques de notre marche du 5 mai !

Amis, camarades, une 6e république qui redonne cœur et espoir, voilà ce dont nous avons besoin, pour que la colère qui monte ne bascule pas du côté de la haine. Et aujourd'hui le vent de l'histoire souffle de notre côté. Victor Hugo parlait d'un semeur de blé qui « marche dans la plaine immense, Va, vient, lance le grain au loin, Rouvre sa main et recommence ».

Soyons toutes et tous des semeurs de blé.

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