Je ne sais pas vous mais cette rentrée me semble particulière… En fait je la pressens déterminante, sans avoir précisément sur quoi elle débouchera. C’est encore difficile à formuler correctement, mais il flotte comme un double sentiment d’urgence et de frémissement. Un faisceau d’indices qui crée une ambiance différente, plus sincère peut-être, plus ardente. Plus confuse, mais aussi plus ouverte à l’inattendu. Comme si on commençait à basculer dans un après encore indéfini. Bref, tout cela ne relève peut-être que d’une vue personnelle, c’est encore difficile à analyser plus finement, mais c’est bien dans ce contexte troublé -et troublant- que je voudrais attirer votre attention sur l’événement Alternatiba qui aura lieu à Bayonne les 6-7 octobre (toutes les infos ici), cinq ans après le tout premier village des alternatives qui a depuis donné naissance au mouvement pour le climat qu’on connait aujourd’hui.

Alternatiba 2018 s’annonce comme un moment qui peut être crucial, vraiment : après l’été caniculaire en Europe et la multiplication des aléas climatiques tout autour du globe, la démission de Nicolas Hulot et le sentiment grandissant que rien ne viendra du sommet de l’Etat, le succès croissant des thèses de l’effondrement et de la collapsologie, le sentiment d’une prise de conscience qui s’étend, avec en toile de fond la mobilisation citoyenne qui s’organise depuis la Cop21, avec enfin la sortie d’un nouveau rapport du Giec très attendu début octobre, les organisateurs veulent en faire un moment fort. Un électrochoc. Pendant deux jours à Bayonne il s’agira de rappeler que les actes et choix politiques comptent et peuvent changer la donne, entre deux horizons très différents, +1,5 ou +3°C. Des discussions auront également lieu tout au long du week-end pour tenter de s’organiser collectivement, voir si et comment des stratégies communes peuvent être établies face à la situation d’urgence.

J’y interviendrai dans deux débats, un le samedi 6 octobre à 13h avec Yves Cochet (Institut Momentum), Nico Haeringer (350 France) et Thierry Salomon (négaWatt) sur le thème “Peut-on encore gagner la bataille ou l’effondrement est-il inéluctable ?”. Le second aura lieu le dimanche 7 octobre sur le thème “Luttes et territoires, de la résistance aux alternatives” avec José Bové et Julien Milanesi sur les GPII, où j’interviendrai pour ma part sur le cas du Rojava en Syrie.

Voilà, ce que je veux simplement vous dire c’est : soyez-en. 
Venez.

Bizi prépare cet événement depuis plus d’un an, avec la générosité, la rigueur et la sincérité qu’on leur connait. Avec cette rentrée particulière, Alternatiba 2018 devient un véritable appel au sursaut collectif et à la mobilisation générale. Passez le mot, et nous pouvons être présents par dizaines de milliers les samedi 6 et dimanche 7 octobre à Bayonne. C’est possible : en octobre 2013 nous étions déjà plus de 12.000 à Bayonne, et depuis 150 collectifs se sont créés, 113 villages des alternatives ont été organisés. 
Il y a un truc à faire là, un truc épatant… On en a tellement besoin.

Alors Bayonne, An 01 ? Je n’en sais rien. Mais si on veut avoir encore une chance d’inverser le cours des choses, la bataille pour le climat et la justice sociale doit trouver et donner à voir une majorité, elle doit s’organiser et c’est peut-être une des dernières occasions d’ampleur qui nous en est donnée. Je peux me tromper, mais je pressens un temps fort. Comme une grosse intuition qu’Alternatiba 2018 comptera.

[J’en profite également pour signaler cet article intéressant de Jade Lindgaard, avec qui nous étions en atelier dimanche sur l’effondrement et les alternatives systémiques à l’Université d’été solidaire et rebelle des mouvements sociaux et citoyens à Grenoble et cet excellent dossier de Dorothée Moisan consacré à Alternatiba, paru également sur Mediapart cet été]