le blog de corinne morel darleux
écosocialisme intégral (graines, fleurs et épines)
2019-04-02T13:11:21+01:00
corinne morel darleux
urn:md5:467a5556a65b8cfe131b566bf9774e18
Dotclear
Les petits pois sont morts, que vivent les lucioles
urn:md5:f08caad72a3c935190283726b169bb3b
2019-04-02T15:07:00+02:00
2019-04-02T15:07:00+02:00
corinne morel darleux
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/revoirleslucioles.png"><img alt="revoirleslucioles.png" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.revoirleslucioles_s.png" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="revoirleslucioles.png, avr. 2019" /></a>Parce qu'après dix ans, j'avoue, je n’en pouvais plus des petits pois sont rouges, parce que mon engagement et ma vie ont bien changé depuis, parce que l’heure est aux métamorphoses, je change de blog aujourd’hui. <strong>Ce sera désormais <a href="http://revoirleslucioles.org/">Revoir les lucioles</a></strong>. Vous y retrouverez l’ensemble de mes billets, les mêmes fonctionnalités, dans un univers recomposé.</p>
<p>Ce titre est né du sentiment de risque imminent d’extinction et d’un féroce besoin de ces lueurs pour éclairer le chemin. Une manière d’appeler à dénicher la beauté dans les interstices, à se gorger de merveilleux insignifiants, à combiner lucidité atterrante et saveur du présent, de clamer qu’il faut rester en quête des lucioles même si le monde est en train de sombrer.</p>
<p>C’est un hommage aux lucioles de Pier Paolo Pasolini et à leur survivance, des années après, chez Georges Didi-Huberman. Alors que Pasolini dans sa jeunesse usait de lucioles pour évoquer ses amours joyeuses et sauvages, trente ans après, en 1975, les bosquets avaient fait long feu et les lueurs de joie s'étaient évaporées dans les lumières criardes du monde moderne. Consumérisme, vide du pouvoir et naufrage politique, la disparition des lucioles recelait alors une dimension politique évidente pour l’écrivain désenchanté.</p>
<p>Moi-même je ne sais pas à quel moment de mon engagement politique je me situe par rapport à ces lucioles. Mais je reste persuadée qu’on a besoin de scruter ces petits repères lumineux dans la nuit qui s’avance et de tout mettre en œuvre, de mener le combat qui nous permettra de les revoir scintiller dans les herbes folles.</p>
<p><strong><a href="http://revoirleslucioles.org/">Revoir les lucioles</a>, c’est une manière de se donner force et courage pour continuer sur ce chemin de résistance et d’émerveillement, avec amour et rage.</strong></p>
Plan Cheval, un débat désarçonnant
urn:md5:e00dee76ba7dae8e4eafe2c9b5be11b1
2019-03-29T11:42:00+01:00
2019-03-29T11:44:59+01:00
corinne morel darleux
A la Région, compte rendu de mandat décalé
Agriculture paysanne et souveraineté alimentaire
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/cmd_aura_mars.png"><img alt="cmd_aura_mars.png" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.cmd_aura_mars_s.png" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="cmd_aura_mars.png, mar. 2019" /></a><em><strong>Pour être honnête, quand j’ai vu arriver ce plan « Ambition Cheval » à la Région Auvergne Rhône Alpes et que j’ai vu que ça allait être pour moi, je n’ai pas sauté de joie. Un vieux souvenir de mauvaise course-poursuite dans les bois. Mais il faut savoir se remettre en selle. </strong></em></p>
<p><em><strong>Et finalement travailler ce dossier m’a presque réconciliée avec les équidés. </strong></em></p>
<p>Saviez-vous par exemple que le cheval apparaît dès l’Éocène, il y a 60 millions d’années ? Il mesure alors 20 cm et s’appelle Hyracotherium. L’homme, à cette époque, est encore couvert de poils et vit dans les arbres. Il va donc falloir attendre encore quelques années pour chevaucher. <br />
Mais depuis nous nous sommes bien rattrapés et le cheval fait partie intégrante de l’histoire de nos sociétés. Au milieu du XXe siècle il accompagne le long chemin vers l’égalité : les femmes obtiennent le droit de monter comme les hommes. De tous temps, on le retrouve comme auxiliaire des activités humaines, des vikings aux mongols. Au Moyen-âge, le cheval sert à la guerre, au transport et à l’agriculture. C’est à cette époque qu’on commence à sélectionner les « chargeurs », « coursiers » ou « destriers ». Sans le cheval, pas de labours, pas de service postal, pas de mobilité. Et si les Romains en ont fait leurs complices honteux des jeux du cirque, dès les Grecs anciens, Xénophon, philosophe et chef militaire, expliquait que, pour l’entretenir et s’en occuper, « il ne faut pas l’ennuyer ». Comme quoi, la question du bien-être animal n’est pas un souci nouveau, ni une lubie d’écolos-bobos. </p>
<p>Aujourd’hui, cette notion de partenariat avec les animaux est malheureusement rare. Il s’agit plus souvent de dresser, dominer, chasser, ou asservir.</p>
<p>Pourtant, pour reprendre l’exemple du cheval, il rend de nombreux services, des personnes en situation de handicap ou de précarité aux « bébés cavaliers ». Il aide en matière de traction animale. Associé aux bovins, en pâturage mixte, il contribue à l’équilibre des prairies. En Corse, des fermes-ranch associent élevage de veaux et balades à cheval, et dégagent ainsi un complément de revenu paysan. Ailleurs, des espèces locales, rustiques, résistantes et polyvalentes sont préservées, comme les Ferrandaises chez nous pour les vaches : c’est le cas du cheval de Mérens dans les Pyrénées.</p>
<p><strong>Et puis les chevaux, c’est comme les arbres : tout le monde les aime. A condition d’en démocratiser l’accès, de ne pas voir dans le cheval qu’un gros morceau de viande et de les considérer comme des alliés, ils peuvent être un beau trait d’union entre hier et demain, entre l’animal et l’humain. A l’heure où il nous faut trouver des alternatives au tout-pétrole et repenser notre place dans les écosystèmes, nous aurons bien besoin de cet allié. </strong></p>
<p>C’est le sens des amendements que nous avons défendus en session plénière avec ma camarade Florence Cerbai. Las, aucun n’a été retenu. </p>
<p>Ça démarrait pourtant bien : deux amendements du PS acceptés par la majorité de Laurent Wauquiez, fait rare. Un premier, sur la prise en compte du bien être animal, des conditions de travail et la diminution de l’impact environnemental, qui aboutit à une bonification des aides destinées aux centres équestres, de 1000 à 5000 euros. Depuis le temps qu’on réclame un minimum de conditionnalité des aides, tant mieux. Le deuxième, adopté également, porte sur le « développement des randonnées équestres », ça ne mange pas de pain mais bon.</p>
<p>Par contre, incompréhensiblement, nos amendements à nous ne passent pas. </p>
<p>Le premier portait sur la traction animale. Je l’écrivais plus haut, le cheval a toujours été un auxiliaire des activités humaines. Or, dans ce Plan, rien sur la traction équine, pourtant présente notamment dans l’agriculture à laquelle ce Plan doit être rattaché. La ré-intégrer était pourtant simple : la traction équine fait déjà partie des activités du Conseil de la filière cheval régional, auquel doit être confiée l’animation de ce Plan. Leur étude sur le potentiel de la traction animale, sur leur site, mentionne explicitement que « la nécessité de raisonner de nombreuses actions quotidiennes comme le transport, la collecte des déchets, l'agriculture... dans une logique de développement durable participe à cette réflexion sur le retour à la traction animale ». </p>
<p>Et de fait, des vignes du Diois au bât en montagne, en passant par le débardage en forêt, le cheval abîme moins les sols, ne tasse pas les terrains, respecte les arbres sur pieds et n'occasionne pas de destructions. <a href="https://www.lamontagne.fr/jabrun/vie-pratique-consommation/2012/10/02/la-moulette-debardee-par-les-chevaux_1283278.html">Il est ainsi utilisé sur le site Natura 2000 de la Moulette, dans le Cantal</a>, dans certaines communes comme Bourg-en-Bresse pour le ramassage des déchets, et pour le transport scolaire en calèche dans le Loir et Cher, le Nord, le Haut-Rhin ou l’Hérault. Il existe même un <a href="http://tractionanimale.canalblog.com/pages/formation-2017/27303785.html">Réseau Professionnel Auvergne-Rhône-Alpes de Traction Animale</a> qui propose des formations diplômantes : Certificat de spécialisation "Utilisateur de chevaux attelés", Brevet Fédéral de Meneur Accompagnateur de Tourisme Equestre et Brevet Professionnel de la Jeunesse et des sports "Mention Attelage". Le précédent <a href="http://www.cheval-auvergne-rhone-alpes.com/resources/library/0/18_04_10_PLAN_FILIERE_EQUINS_vf.pdf">plan cheval de la région, sur 2018-2020</a>, parlait d’ailleurs bien de : « l’utilisation du cheval en traction animale, en portage ou monté dans l’agriculture (viticulture et maraîchage essentiellement), le débardage, la surveillance, le transport... 100 entreprises sont prestataires dans ce domaine avec 300 à 400 équidés dans la région. »</p>
<p>Il était donc de toute évidence simple et cohérent de l’intégrer à ce plan. Puisqu’on est dans une logique de filière, la traction équine a ses acteurs et structures professionnelles, elle fait preuve d’efficacité économique, préserve l’environnement, économise l’énergie et travaille sans bruit de moteur ni pollution. Nous étions donc déjà surpris qu’elle ne fasse pas l’objet d’un dispositif spécifique dans ce plan. Nous le sommes encore plus du refus de M Taite, vice-président à l’agriculture, et de l’argument mis en avant : en gros, on le fait déjà, et de toute manière le conseil de la filière cheval régional ne le souhaite pas. </p>
<p>Well. D’abord, il me semble que c’est à la Région que revient la décision, et non au futur animateur du Plan. Sinon ça s’appelle un lobby. Ensuite, c’est précisément sur le site de ce fameux conseil que figure en toutes lettres le potentiel de la traction animale ! Enfin, nous dire que ça se fait déjà est pour le moins surprenant : c’est le cas de toutes les actions de ce Plan dont l’objectif principal est, par souci de simplification, de regrouper l’existant !</p>
<p>Sur le fait de flécher prioritairement les petits centres équestres dans les aides, Florence n’aura pas plus de succès. Et sur ma demande d’intégrer la formation en amont, dans cette fameuse logique de filière qui est censée être l’objectif du plan, je ne ferai pas mieux. Quand j’avais posé la question en commission, il y avait pourtant eu comme un flottement. Visiblement ça avait été oublié, c’est pourtant une des compétences majeures de la Région. J’avais donc un petit espoir que ça passe : un amendement pas trop risqué pour la majorité ni marqué idéologiquement, on ne peut pas dire, et pas franchement disruptif non plus : le manque de filières de professionnalisation était déjà mentionné dans le précédent CROF équin (contrat régional d’objectifs de filière). Las, ce sera non. Moralité, même sur des sujets pas hyper politisés on rame.</p>
<p>Pour nos votes, au final, ce sera donc <em>pour </em>la présence de nos amis équidés dans l’agriculture, le tourisme ou la pleine nature, et <em>contre </em>le financement des hippodromes : des lieux déjà financés par le PMU, basés sur les paris, qui correspondent à une vision marchande et spéculative que nous rejetons ; les courses brassent déjà beaucoup d'argent et concernent une minorité de pratiquants, l’argent public a d’autres priorités. Devrait, en tout cas, puisque naturellement nos voix ne suffisent pas, et le plan passe en l’état.</p>
<p>Au moins j’aurai appris des choses, et promis, le prochain cheval que je croise je lui caresse le museau.</p>
<ul>
<li><em><strong>Nos amendements :</strong></em></li>
</ul>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/AmendementPlanCheval-tractionequine.pdf">AmendementPlanCheval-tractionequine.pdf</a></p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/AmendementPlanCheval-democratisation.pdf">AmendementPlanCheval-democratisation.pdf</a></p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/AmendementPlanCheval-formation.pdf">AmendementPlanCheval-formation.pdf</a></p>
Chaque dixième de degré et chaque mètre carré de béton : Extinction Rebellion
urn:md5:67cb3a7c847c9c61d8ad43a97d36cc4b
2019-03-25T14:19:00+01:00
2019-03-25T14:38:06+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
Militantisme désobéissance et résistancesVidéos
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/24_mars_JDR_XR.jpg" title="24_mars_JDR_XR.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.24_mars_JDR_XR_s.jpg" alt="24_mars_JDR_XR.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="24_mars_JDR_XR.jpg, mar. 2019" /></a>Une belle énergie place de la Bourse à Paris, ce dimanche 24 mars pour la journée de déclaration du mouvement <a href="https://extinctionrebellion.fr/">Extinction Rebellion</a> ! Vous pouvez retrouver quelques articles de presse <a href="https://www.politis.fr/articles/2019/03/extinction-rebellion-sonne-la-revolte-en-france-40182/">ici</a> ou <a href="https://www.lesinrocks.com/2019/03/24/actualite/un-mouvement-ecolo-radical-se-declare-officiellement-en-rebellion-en-france-111175336/">là</a>. J'ai eu le plaisir d'y intervenir aux côtés de nombreux rebelles, des musiciens de l'Orchestre Debout, de Susan George, Claire Lévy, Pablo Servigne et Jean-Baptiste Fressoz. En plus des <a href="https://www.facebook.com/pg/xrfrance/videos/?ref=page_internal">photos et vidéos publiées sur la page FB de XR</a>, voici mon intervention, en texte et en vidéo. Puisse-t-elle inspirer les actions à venir et infuser les esprits.</p>
<p><br /></p>
<div style="text-align: center;">
<video controls="" preload="auto" width="400" height="300">
<source src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/JDR_XR_Corinne_Morel_Darleux.mp4">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?pf=player_flv.swf" width="400" height="300">
<param name="movie" value="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?pf=player_flv.swf">
<param name="wmode" value="transparent">
<param name="allowFullScreen" value="true">
<param name="FlashVars" value="title=JDR_XR_Corinne_Morel_Darleux.mp4&amp;margin=1&showvolume=1&showtime=1&showfullscreen=1&buttonovercolor=ff9900&slidercolor1=cccccc&slidercolor2=999999&sliderovercolor=0066cc&flv=http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/JDR_XR_Corinne_Morel_Darleux.mp4&width=400&height=300">
Lecteur vidéo intégré</object>
</video>
</div>
<p><strong>Déclaration de rébellion - XR - 24 mars 2019, place de la Bourse à Paris</strong></p>
<p>Salut à tous<br /></p>
<p>Je voudrais commencer, pour cette dernière prise de parole, par remercier tou-te-s les rebelles qui ont préparé cette journée de déclaration de rébellion depuis des semaines. Et merci à vous d’être venu-e-s sur cette place de la Bourse aujourd’hui, pour ce moment qui n’est qu’un début, et qui est je l’espère un tournant :<br /></p>
<p>- ça fait plus de 40 ans qu'on sait qu'on va dans le mur, <br />
- 10 ans qu'on demande au président, au préfet, aux gens, de changer le système et de se bouger<br />
- que les uns et les autres, chacun à son poste, on a tout essayé pour convaincre en restant dans les clous de la légalité : lancer des pétitions, se présenter aux élections pour changer les institutions, modifier nos comportements et nos consommations, écrire des livres, en lire beaucoup, se compter le samedi entre Bastille et Nation, écrire des programmes anticapitalistes et expliquer où prendre l’argent<br />
- des années qu’on crie dans le désert, qu’on se prend des coups, qu'on se fait traiter d’utopistes ou d’allumés, <br />
- des années qu’on cherche l’unité pour faire masse, et des objectifs raisonnables pour ne pas fâcher... <br /></p>
<p>Et alors qu’enfin la prise de conscience s’accélère, que les scientifiques sonnent l’alarme par milliers, que les jeunes se mettent en grève dans les lycées, le jour où on obtient deux millions de signatures, même là il ne se passe toujours rien !</p>
<p>Pire. Au fur et à mesure que les manifestations et la colère grandissent, en jaune, en rouge, en vert, ce qui grandit en face n’est pas l’action, mais la répression !
Les dégradations s'accélèrent, la crise sociale et la misère s'étendent, le climat et la biodiversité dévissent.</p>
<p>Et les seuls à pouvoir se mettre à l'abri sont ceux qui ont les moyens de le faire : les ultra-riches et les patrons des lobbies.
Les plus pauvres, les plus fragiles, eux, sont déjà dans la catastrophe, du Mozambique à la Syrie, des paysans aux quartiers populaires.
Selon la Banque Mondiale, à cause des dévastations environnementales 100 millions de personnes supplémentaires vont basculer dans la pauvreté d'ici 2030.</p>
<p>Ça urge et ça fait mal, déjà, des espèces disparaissent, à jamais. Elles ne reviendront pas.
Le GIEC nous dit qu'on a douze ans, pas pour éviter le 1,5°C, mais avant de l'atteindre !</p>
<p>Tout ça n'est pas une histoire d'optimisme ou de foi, mais des faits. Il ne s'agit pas de se raconter des histoires pour se faire peur dans le noir, mais de regarder la réalité en face. Et ça ne se passe pas dans dix ou trente ans, mais maintenant.</p>
<p>Je vous le disais au début, on est à un tournant.
Et ce tournant ne peut pas être de passer brutalement du déni au tout est fini !
<br />
Entre les deux, il y a la phase du combat, celle où on agit et où on se bat. Avec amour et rage. <br />
Parce que la meilleure consolation, c’est l’action !</p>
<p>Alors aujourd'hui, place de la bourse, on se munit de courage et de lucidité, et en responsabilité dans les pas de celles et ceux qui nous ont précédés, de la ZAD de Notre Dame des Landes à Sivens ou à Bure, on change de braquet : avec toutes celles et ceux qui le peuvent, au nom de toutes celles et ceux qui ne peuvent pas, qui sont en danger ou dans l'impossibilité matérielle de se battre, XR décide de passer à la désobéissance
et s’il faut choisir entre rester dans la légalité ou sortir du système, eh bien nous en sortirons.</p>
<p>Et moi je vous le dis, j’espère qu’on va passer à l'action à impact direct et concret, pas juste symbolique, à des actions qui portent dans leur réalisation leurs propres revendications, qu’on va saboter le système, planter des arbres et bloquer des chantiers, en bref : préserver ce qui doit l'être, ralentir la destruction, se battre contre chaque mètre carré de béton et aller sauver chaque dixième de degré...</p>
<p>Tout en se préparant à ce que tout ça ne suffise pas à éviter l’effondrement, donc en même temps on va continuer à préparer le monde d'après, à base d'autonomie, de relocalisation, de résilience, de courage et de loyauté.</p>
<p>Cher-e-s rebelles,
je veux être sincère avec vous, je ne sais pas si on arrivera à enrayer le désastre.<br />
Mais à défaut d’inverser le cours des choses, je suis certaine que nous ajouterons un peu de beauté et de dignité à ce monde qui en manque cruellement.</p>
Un regard écosocialiste sur la théorie de l’effondrement, à Genève
urn:md5:a54f796a8e4764b8fae86825f0a7b8c6
2019-03-14T15:23:00+01:00
2019-03-14T15:31:50+01:00
corinne morel darleux
Ecosocialisme
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/geneve_ecosoc_cmd.jpg"><img alt="geneve_ecosoc_cmd.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.geneve_ecosoc_cmd_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="geneve_ecosoc_cmd.jpg, mar. 2019" /></a>Après des années de déni, d’inaction politique et de pouvoir toxique des lobbies, la destruction du climat et de la biodiversité s’accélèrent. Leurs effets deviennent visibles. Nul ne sait quand ni sous quelle forme l'effondrement peut avoir lieu. Il est en revanche certain que des catastrophes écologiques et sociales sont déjà en cours, et des seuils d’irréversibilité en passe d'être franchis.</p>
<p>Face à cet enjeu civilisationnel, la prise de conscience peut-elle s'organiser en action collective et radicale - qui soit à la hauteur ? Comment transformer les émotions qu'elle provoque pour les transformer en actions ? Et au fait, peut-on encore avoir un impact dans ce monde qui sombre ? Avec quels objectifs : éviter l'effondrement, s'y préparer, l'amortir ou préparer l'après ?</p>
<p>Nous ne pouvons faire l’impasse sur ces questions. Il nous faut réinjecter du politique. Alerter, non pour faire peur, sans calculs démagogiques ni crainte d'alarmer, mais par devoir de lucidité. Archipéliser les îlots de résistance et préserver ce qui doit l'être par l'action directe, du planter d'arbres au blocage de chantiers. Mais aussi se préparer à ce que cela ne suffise pas. Et donc passer à des stratégies d’adaptation, en anticipant l’après.</p>
<p>Si les essais de philosophie ou d’anthropologie peuvent nous aider à penser les catastrophes, nous avons aussi besoin de la création artistique et de la fiction pour décadrer notre imaginaire, rétréci par des décennies de dévissage culturel et d’orthodoxie imposée : nous avons besoin de nouveaux récits pour « désincarcérer le futur » (selon la formule du collectif Zanzibar). Mais aussi de courage et d’engagement : une culture de résistance n’a d’intérêt que s’il y a... une résistance.</p>
<p><em><strong>Je serai en conférence et débat participatif « Un regard écosocialiste sur la théorie de l’effondrement » pour aborder toutes ces questions le 20 mars à Genève, à l'invitation du <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2019/03/14/WWW.solidarites.ch/ecosoc">Groupe écosocialiste de solidaritéS</a>.</strong></em></p>
<p><a href="https://www.facebook.com/events/1210111019154577/">Page Facebook de l'événement</a></p>
En marche : ici nous on vit, nous on crève
urn:md5:b1638dba45ef93fb36c92ddf0d0aa9d4
2019-03-11T14:40:00+01:00
2019-03-11T15:05:37+01:00
corinne morel darleux
Chroniques du Diois (Reporterre)
DieDioisIndignationsSanté
<p><strong><em><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Diois_en_deuil.jpg"><img alt="Diois_en_deuil.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Diois_en_deuil_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Diois_en_deuil.jpg, mar. 2019" /></a>En marche : ici nous on vit, nous on crève. C'était ma première idée de titre, un refrain qui me tournait en tête depuis quelques temps déjà, librement inspiré du Chant des Partisans... Cette chronique a été publiée sur Reporterre le 5 mars sous le titre "<a href="https://reporterre.net/La-maternite-de-Die-a-ferme-et-le-petit-Aime-est-mort">La maternité de Die a fermé et le petit Aimé est mort</a></em></strong>".</p>
<blockquote>
<p>Samedi 2 mars, une marche blanche était organisée à Die, dans la Drôme. Les habitants se sont rassemblés pour Aimé, mort in utero lors du transfert de sa mère vers la maternité de Montélimar. Les services de maternité et de chirurgie d’urgence de l’hôpital de Die sont fermés depuis le 31 décembre 2017.</p>
</blockquote>
<p>Le 1er janvier 2018, <a href="https://reporterre.net/Desert-medical-desertion-des-politiques">au lendemain de la fermeture de la maternité à Die</a>, une femme enceinte qui souffrait d’un décollement du placenta est arrivée de justesse à la maternité de Valence. Elle habitait à Vercheny, dans la vallée. Le président du Collectif de défense de l’hôpital de Die, Philippe Leeuwenberg, avait alors déclaré : « Une femme du Haut-Diois n’aurait peut-être pas eu cette chance ».</p>
<p>Ce 18 février 2019, Céline Guillemot et Fabrice Martinez n’ont en effet pas eu cette chance. Leur troisième enfant est mort in utero. De Châtillon en Diois, il aura fallu trois heures avant qu’ils arrivent à la maternité de Montélimar. Et ce, malgré le protocole auquel s’étaient engagés l’Agence Régionale de Santé et la Ministre de la Santé et des Solidarités Agnès Buzyn. En fait ce soir là rien n’a fonctionné : des pompiers démunis, pas de médecin correspondant SAMU de garde, pas de matériel spécifique aux urgences de Die (qui par ailleurs n’ont pas la clé du centre périnatal), jusqu’à l’hélicoptère qui n’était pas disponible et qu’il a fallu attendre [Ce genre de situation n’est hélas pas l’apanage des femmes enceintes : <a href="https://reporterre.net/La-desherence-des-services-publics-met-des-vies-en-danger">"La déshérence des services publics met des vies en danger"</a>] . Il aura fallu trois heures. Montélimar est distante de 1h40 par la route depuis Chatillon en Diois. Mais les parents, eux, ont respecté le protocole. Leur enfant est mort né. Ils l’ont appelé Aimé.</p>
<h3>"Il est particulièrement pénible et odieux d’entendre Agnès Buzyn expliquer aux micros que la sécurité n’est pas la proximité"</h3>
<p>Une semaine avant la marche blanche, le 24 février, une jeune mère a accouché dans l'ambulance entre Vercheny et la maternité de Valence. Quelques jours plus tôt une petite fille, Lou, est née sur le bord de la départementale, dans la voiture de ses parents - qui l’ont mise au monde seuls. Dans le Diois, Lou et Aimé ne sont pas des statistiques anonymes. Chaque mois des incidents ont lieu, de futurs parents s’inquiètent et des femmes enceintes vivent toute leur grossesse dans l’angoisse. A se demander comment ça va se passer. Si il y aura un médecin urgentiste de garde cette nuit là, si les pompiers ne seront pas occupés en montagne, si l’hélicoptère ne sera pas déjà mobilisé sur un accident de la route. Si le fameux protocole censé garantir la sécurité sans proximité va, ou non, dérailler.</p>
<p>C’est pourquoi, depuis deux semaines, il est particulièrement pénible et odieux d’entendre Agnès Buzyn expliquer aux micros que la sécurité n’est pas la proximité. De lire des témoignages de médecins expliquant que nous nous tromperions de combat <a href="http://www.collectifhopitaldie.org/blog/index.php?post/2019/02/28/R%C3%A9ponse-de-la-Coordination-nationale-%C3%A0-ces-m%C3%A9decins-qui-demandent-la-fermeture-des-maternit%C3%A9s-de-proximit%C3%A9">et que les petites maternités sont dangereuses</a>. C’est comme si le garagiste nous expliquait que prendre la route avec des pneus lisses est risqué et qu’il vaut mieux rouler sans pneus.</p>
<h3>"Notre seul camp à nous, c’est le droit à vivre dignement."</h3>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Marche_Die4.jpg"><img alt="Marche_Die4.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Marche_Die4_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Marche_Die4.jpg, mar. 2019" /></a>C’est pour sortir des formules toutes-faites, des tableurs des Ministères et des condoléances de convenance qu’il a été décidé, lors de cette marche blanche, de <a href="http://www.collectifhopitaldie.org/blog/index.php?post/2019/02/27/T%C3%A9moignage-de-la-naissance-de-mon-fils%2C-Aim%C3%A9-Martinez-par-C%C3%A9line-Guillemot">lire le récit de cette mère</a>. Un récit dur, des mots crus que nous avons hésité à lire à haute voix devant la foule rassemblée. Et que nous avons finalement décidé de partager, à la demande de la mère. Parce que ce ne sont pas ses mots qui sont durs, mais ce qu’elle a vécu. Parce qu’il faut en finir avec les hypocrisies du jargon technocratique, les formules aseptisées, « l’immense tristesse et la douleur ressenties » par la députée. Enfin, pour témoigner, à tous ceux qui semblent trouver que c’est une bonne solution, de ce que veut dire concrètement un transfert par hélicoptère, sanglée, seule, le corps transpercé de contractions.</p>
<blockquote>
<p>« J'étais sanglée sur le brancard, un casque anti-bruit sur les oreilles, dans une froide solitude. A chaque contraction, je cherchais une position pour me soulager et accompagner la progression de mon bébé. Je souffrais, je me tortillais, j'avais commencé à pousser. J'ai failli accoucher dans le ciel... » </p>
</blockquote>
<p>Ce dont nous avons besoin n’est pas un hélicoptère. Ce que nous réclamons n’est pas un hôpital flambant neuf comme nous le promet l’ARS. Les 12 millions mis sur la table ne remplaceront jamais une maternité et un bloc opératoire. Ils ne nous feront pas oublier les fausses rumeurs sur le manque de sang à la maternité, démenties depuis par l’Établissement français du sang. Ni les promesses non tenues. L’ARS peut publier tous les communiqués qu’elle veut pour dire que le protocole fonctionne parfaitement, ils n’abuseront que ceux qui ont déjà choisi leur camp. Notre seul camp à nous, c’est le droit à vivre dignement.</p>
<p>Le 22 février, la députée LREM de notre circonscription a écrit sur Facebook : « L’ARS a d’ailleurs diligenté une enquête à laquelle je serai très attentive, y compris sur son indépendance et son impartialité, car il est de mon devoir de vous défendre et vous représenter ». Madame de Lavergne, si vous nous lisez : l’ARS est l’agence qui a décidé de la fermeture de la maternité et des urgences. Qui a mis au point le protocole. Qui est chargée de sa mise en œuvre et de son bon fonctionnement. Pensez-vous sincèrement que les mots indépendance et impartialité soient appropriés ?</p>
<h3>"À la marche blanche, il n’y avait pas beaucoup d’écharpes tricolores"</h3>
<p>Quant aux élus locaux à qui prendrait l’envie de nous dire eux aussi que leur devoir est de nous défendre et représenter, je voudrais juste dire qu’il est un peu tard. Et leur rappeler que lors de l’ultime manifestation avant la fermeture de la maternité, peu étaient là, aux côtés de la population. Les mêmes qui, quelques mois plus tôt, <a href="https://reporterre.net/Desert-medical-desertion-des-politiques">se pressaient derrière la banderole pour être sur la photo</a>. Ce samedi 2 mars, ont-ils eu peur d’être mal accueillis ? A la marche blanche, il n’y avait pas beaucoup d’écharpes tricolores. La mienne tremblait de rage.</p>
<p>Mesdames, messieurs, nous ne voulons plus de courriers polis, de posts apaisants sur les réseaux sociaux, d’assurances que tout sera fait ni de formules de politesse. Nous voulons que cela ne se reproduise jamais. Bien sûr, nous ne sommes pas idiots. Nous savons qu’il peut y avoir des accidents, que certains décès arrivent, tout simplement. Mais nous ne sommes pas idiots, je me permets d’insister. Nous savons aussi que certains drames peuvent être évités.</p>
<p>En décembre 2014, la maternité de Die avait pris en charge et mis au monde Célestin, le deuxième enfant de Céline et Fabrice, <a href="http://www.collectifhopitaldie.org/blog/index.php?post/2016/01/22/La-maternit%C3%A9-de-Die-nous-a-sauv%C3%A9-la-vie-%3A-%C2%AB-Touche-pas-%C3%A0-ma-maternit%C3%A9-!-%C2%BB">en 45 minutes</a>. Une naissance par césarienne due à un décollement du placenta. Exactement le même cas.<br />
Nous ne saurons probablement jamais si Aimé aurait pu être sauvé.<br />
Il est en revanche certain que Célestin aujourd’hui ne serait pas là s’il n’y avait pas eu de maternité.</p>
La montagne terrassée
urn:md5:a1e88397b87aad22f547759e20d392a7
2019-03-06T14:29:00+01:00
2019-03-06T14:59:57+01:00
corinne morel darleux
A la Région, compte rendu de mandat décalé
MontagneRégion Auvergne Rhone Alpes
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/montagne_corinnemd.jpg"><img alt="montagne_corinnemd.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.montagne_corinnemd_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="montagne_corinnemd.jpg, mar. 2019" /></a></p>
<p><strong><em>Territoire de pastoralisme et de tourisme, réserve d’eau et de paysages, la montagne est une véritable sentinelle du climat : l’impact y est fort et les choix politiques, désastreux. Élue d’opposition dans la Région de Laurent Wauquiez, je siège en commission Montagne. Un poste d’observation privilégié pour avoir la rage au cœur de ce qui est en train de se passer.</em></strong></p>
<p><em><a href="https://www.terrestres.org/2019/03/02/la-montagne-terrassee/">"La montagne terrassée", article publié sur Terrestres, la Revue des livres, des idées et des écologies, le 2 mars 2019</a></em></p>
<p>En décembre dernier, j’ai été invitée par France 3 Régions pour parler de l’avenir des stations de ski face au réchauffement climatique. L’émission s’appelait « <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/dimanche-politique-coup-chaud-nos-stations-dimanche-16-decembre-10h50-france-3-1592295.html">Coup de chaud sur nos stations</a> ». Pour la préparer, j’ai actualisé mes chiffres et compilé les dernières études sur la montagne. Le bilan effectué par Ludovic Ravanel sur le Mont Blanc et les effets de la canicule 2018 m’a une fois de plus édifiée. Le papier de Lyon Capitale « <a href="https://www.lyoncapitale.fr/politique/stations-de-ski-les-paradis-artificiels-de-laurent-wauquiez/">Les paradis artificiels de Laurent Wauquiez</a> » également. Tout cela allait dans le sens habituel, terrible et habituel, <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/09/26/Comment">que j’observe depuis des années attentivement</a> : le réchauffement est deux fois plus important en altitude (+1,9°C en moins de 50 ans au Col de Porte (Isère) à 1.325 mètres d’altitude), il provoque le dégel du permafrost qui sert de ciment aux montagnes et provoque des écroulements. Il entraîne également un déficit d’enneigement et le recul des glaciers. Enfin, et cela est également valable en vallée, les sécheresses se multiplient. C’est ainsi qu’on a vu cet automne le Lac d’Annecy à sec et des villages ravitaillés en eau potable par camion citerne.</p>
<blockquote>
<p><strong>Bonus. Quand le Mont Blanc nous parle du monde.</strong><br />
<a href="https://bit.ly/2tCvlhk">Ludovic Ravanel, guide de haute montagne et chercheur au CNRS, a fait le bilan de la canicule 2018 </a>après celles de 2015, de 2017, et avant celles à venir. Alpinistes, guides, tous les acteurs sonnent l’alarme, tout le monde le voit : le permafrost, ciment de nos montagnes présent sur les versants nord dès 2500 mètres, fond. On parle là d’une glace qui a jusqu’à 4000 ans, qui a tenu tout ce temps… “On est en train de faire fondre un véritable patrimoine. Encore quelques canicules comme ça et il n’y aura plus du tout de glace”. Ce sont déjà des dizaines de milliers de mètres cube qui se détachent et s’effondrent dans le massif du Mont Blanc chaque année. Des glaciologues de Zurich estiment qu’en 2100 on aura perdu 80% des surfaces glacières. D’ici là, les prévisions des climatologues nous placent sur une trajectoire au-delà des +4°C, soit deux fois plus dans les Alpes où le réchauffement climatique double par rapport à la moyenne, soit une hausse de +8 à +10°C d’ici la fin du siècle, hausse qui a déjà commencé. </p>
</blockquote>
<p><strong>Mais j’ai également été alertée alors par une nouvelle étude, sortie quelques jours avant l’émission. </strong>La tonalité fort optimiste donnée à son relais par le Dauphiné Libéré tranchait : « L’équipement accru des stations en neige de culture devrait nettement atténuer les effets du réchauffement climatique sur l’activité ski en Isère d’ici 2050 ». Cette étude commandée par le département, consacrée à l’enneigement artificiel, <a href="https://www.ledauphine.com/isere-sud/2018/12/12/l-isere-fixe-un-cap-pour-la-neige-de-culture">concluait à l’absence de conflits d’usage sur l’eau à horizon 2050</a>. Pour le moins contre-intuitif, alors que <a href="https://www.francebleu.fr/infos/climat-environnement/face-a-la-secheresse-la-station-de-la-clusaz-fabriquera-moins-de-neige-de-culture-cet-hiver-pour-1542126595">le maire de la Clusaz venait de faire sensation</a> en annonçant que la moitié des réserves destinées à la neige artificielle allait être remise dans le circuit d’eau courante. Sachant que selon la même étude la demande en eau due à l’enneigement artificiel avait déjà triplé en 15 ans et allait encore augmenter de 50 % : en conséquence, la capacité de stockage devait être multipliée par deux d’ici 2025. Au regard des interdictions de prélèvement qui s’étaient multipliées en Haute Savoie, dans le Vercors ou le Grésivaudan, c’était assez surprenant.</p>
<p>Après quelques coups de fils et recherches, j’ai néanmoins réussi à en apprendre plus. D’abord, cette étude ne portait bien que sur les 23 stations iséroises, et non sur les départements où la situation sur la ressource en eau est beaucoup plus tendue. Ensuite, l’hypothèse des chercheurs, Irstea et Météo France, était qu’il neigerait moins mais qu’il pleuvrait plus. Bref, ils concluaient au fait que l’eau ne serait pas un problème, tout en précisant tout de même que l’eau ne pourrait pas toujours être prélevée sur les retenues pour cause d’arrêtés, de débits réservés ou d’installations sous-dimensionnées. Naturellement, cette petite précision d’importance n’avait pas été soulignée dans le <a href="https://www.veilleinfotourisme.fr/thematiques/regions-et-territoires/regions-metropolitaines/auvergne-rhone-alpes/neige-de-culture-le-departement-de-l-isere-se-penche-sur-l-avenir-de-ses-stations">communiqué du département</a> (se contenant d’un sobre « Aujourd’hui et dans les années à venir, il y a peu de réels conflits d’usage sur la ressource en eau sur le département de l’Isère. » ). Pas plus que le souvenir inquiétant de cet été où <a href="https://www.lepostillon.org/Chamrousse-pourrit-l-eau-potable.html">des travaux de terrassement de piste et de neige artificielle à Chamrousse avaient changé l’eau potable en boue dans le village d’Herbeys</a>.</p>
<p><strong>J’écrivais alors à des amis montagnards : « <em>Ne nous leurrons pas, c’est un coup dur. Cette étude va faire beaucoup de mal et va nous être brandie à chaque fois. A commencer par dimanche sur France 3 </em>».</strong></p>
<p><strong>Je me trompais, sur France 3 il n’en fut pas question, tout allat très vite et mes fiches restèrent dans ma poche.</strong></p>
<p><strong>Mais le répit ne fut que de courte durée.</strong></p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/20190212_115919.jpg"><img alt="20190212_115919.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.20190212_115919_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="20190212_115919.jpg, mar. 2019" /></a><strong>Le 8 février dernier, je siégeais en commission Montagne à la Région</strong>. L’<a href="https://www.lepostillon.org/Gilles-Chabert-le-gredin-dauphinois.html">inénarrable Gilles Chabert</a> présidait en tant que conseiller spécial à la Montagne de Laurent Wauquiez, mais également ex-administrateur de la Compagnie des Alpes et ancien président du Syndicat national des moniteurs du ski français (mélange de casquettes qui lui a valu une <a href="https://www.montagnes-magazine.com/actus-conflit-interet-region-auvergne-rhone-alpes-gilles-chabert-viseur">saisine au Procureur de la République en février 2017</a>, suivie de l’ouverture d’une enquête préliminaire confiée à la police judiciaire de Lyon pour « soupçon de prise illégale d’intérêts »). A ses côtés, une invitée : Chantal Carlioz, vice-présidente à la montagne et au tourisme du département de l’Isère et maire (Les Républicains) de Villard-de-Lans. Tous deux réunis pour nous présenter la fameuse étude qui, selon Gilles Chabert : « <em>nous conforte, ce n’est pas totalement foutu tout de suite</em> », annonce la fin de « <em>ce ‘vautour noir’ en montagne qui est qu’on n’aura plus d’eau </em>» et cloue le bec aux « <em>extrémistes </em>» (comprendre : les écolos). La Vice présidente de l’Isère, à son tour, enfonçait le clou : « <em>il nous fallait réagir face au réchauffement climatique, sortir du ‘pour ou contre’ avec du factuel : en montagne c’est l’économie qui décide</em> » et de se féliciter également : «<em> le ski n’est pas mort, le problème n’est pas l’enneigement mais la soutenabilité financière </em>». Le tout, en nous expliquant que le public finance bien les piscines, qui pourtant gardent l’eau, il peut donc tout de même financer les canons à neige, qui eux la restituent. Imparable.</p>
<p><strong>Et il faut reconnaître que la Région ne lésine pas sur le soutien financier : on en est à 39 millions d’euros, juste pour la neige artificielle, en moins de trois ans. Des sommes non négligeables en période d’austérité et de coupes budgétaires sur d’autres domaines du quotidien, qui valaient bien une étude effectivement.</strong></p>
<p>Malheureusement, le volet économique de l’étude, réalisé par KPMG, n’est pas accessible : les données financières des stations sont sensibles. On n’en saura donc pas plus concernant le risque d’endettement sur lequel je ne cesse d’alerter : une partie seulement des investissements est prise en charge par la collectivité (la part Région est plafonnée à 30%). Les sommes restant à la charge des stations représentent tout de même 45 % des investissements dans les petites et moyennes stations et nécessiteront de « <em>mobiliser 2,5 années de chiffre d’affaires, soit réinvestir 50% du CA sur les 5 prochaines années</em> ». Il faudra donc, selon KPMG, un « <em>effort d’endettement élevé </em>».</p>
<p>A ma question, l’expert présent en commission me répondra qu’il faut « <em>prendre en compte la performance économique de chaque station </em>» et, je cite : « <em>des choix stratégiques de priorisation </em>». Certes. Mais quid de l’effet d’aubaine face à cette manne financière de la Région qui fait ruisseler des centaines de milliers d’euros sur des projets sans aucun critère à respecter ? Quid du risque que ces stations se précipitent dans la neige artificielle en abandonnant leurs stratégies de diversification (pour 39 millions investis par la Région dans la neige artificielle, 1,5 million seulement a été investi sur la même période dans le volet « aide à la diversification des petites stations »), en recourant à des emprunts qui risquent de plomber leurs finances ? <a href="https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2018-01/14-stations-ski-Alpes-nord-face-rechauffement-climatique-Tome-2.pdf">Ces risques ont pourtant déjà été pointés par la Cour des Comptes</a> et se confirment dans les témoignages, comme celui du Maire de Vallorcines, petite station jusqu’ici vierge de tout canon à neige, qui admettait, <a href="https://www.bastamag.net/Boire-de-l-eau-ou-skier-faudra-t-il-bientot-choisir">face à cet appel d’air financier : “C’est vrai qu’on étudie la possibilité d’investir“</a>.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/20190212_112136.jpg"><img alt="20190212_112136.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.20190212_112136_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="20190212_112136.jpg, mar. 2019" /></a>Les stations vont-elles se retrouver sous tutelle, avec de beaux canons à neige qui ne pourront plus fonctionner, faute de froid, d’eau et d’énergie ? Car<strong> il en faut de l’énergie pour remonter sur des centaines de mètres l’eau pompée jusqu’aux pistes… Or cet aspect est totalement absent de l’étude.</strong> Réponse cinglante de Gilles Chabert, qui a au moins le mérite d’être clair : « <em>A eux de voir </em>». Et de me confirmer, comme depuis trois ans, qu’il n’y aura donc pas de critères pour ces subventions : ni indicateurs économiques, ni d’altitude, ni de taux d’enneigement. La Région va donc continuer à financer à corps perdu des équipements à 1.050 mètres d’altitude comme au Mont Dore, ou permettre à Valmorel de se brancher directement sur le barrage EDF, ou encore continuer à aider les très grandes stations dont la même étude prouve pourtant que leur fréquentation n’a aucun lien avec le taux d’enneigement. Le tout, sans aucun plafond de budget, une anomalie dans le fonctionnement de la Région. Au moins le département de l’Isère a lui fixé des limites : 42 % des surfaces enneigées, pour 47,7 millions d’euros, à horizon 2025.</p>
<p><strong>D’ici là, qui sait où on en sera ?</strong> Les études prévoient qu’<a href="http://www.the-cryosphere.net/11/517/2017/">il n’y aura plus aucune station sous 2500 mètres d’altitude d’ici la fin du siècle</a>, si on tient jusque là. On aura de jolis fronts de neige enneigés artificiellement pour assurer la liaison et des remontées mécaniques en pagaille, qui nous emporteront jusqu’à des sommets où il n’y aura plus un flocon. Mais les skieurs pourraient venir à manquer avant la neige : la pratique est bien chère en pleine crise économique : <a href="https://www.inegalites.fr/Les-sports-d-hiver-une-pratique-de-privilegies?id_theme=19">seuls 8 % des français skient une année sur deux</a>, et les jeunes se détournent de plus en plus des pistes. Selon une étude publiée par le Financial Times, <a href="https://www.ft.com/content/74e94392-d917-11e8-a854-33d6f82e62f8">le nombre de skieurs dans les Alpes a baissé de 14 % en dix ans</a>. La clientèle internationale, riche, extrêmement mobile, va là où la neige tombe, pas où elle est crachée. Encore moins sur un ruban de quelques mètres entouré d’herbes sèches. Et ce n’est pas l’action du Comité régional du tourisme de la Région, qui veut faire venir les skieurs chinois via une ligne aérienne directe sur l’aéroport de Lyon Saint Exupéry ou encore favoriser l’implantation de compagnies low-cost sur Grenoble, qui va aider.</p>
<blockquote>
<p><strong>Bonus. <a href="https://www.mountainwilderness.fr/se-tenir-informe/actualites/encordes-pour-le-climat.html">Mountain Wilderness lance l’opération « Encordés pour le climat » le 9 mars à Grenoble</a></strong><br />
« Ça chauffe en montagne ! Les rochers s’effondrent, les glaciers disparaissent, la biodiversité souffre… Habitants, pratiquants et professionnels de la montagne voient leurs espaces de vie et leurs pratiques modifiés. Face à l’urgence climatique, la communauté montagnarde appelle à se rassembler pour témoigner de l’accélération du réchauffement en montagne. Citoyens montagnards, passons à l’action : Encordons-nous pour le climat et portons haut et fort l’urgence d’agir maintenant ! »<br />
Rendez-vous à 14h en haut de la Bastille. Nous progresserons tous ensemble, encordés, jusqu’au centre-ville de Grenoble, dans la symbolique des montagnards qui descendent témoigner de ce qui se passe là-haut. Apportez cordes et casques de montagne. Nous invitons par ailleurs tous les participants à amener une photo imprimée de leur montagne : en danger, rêvée ou aimée… Nous afficherons ces images à notre point d’arrivée, place Grenette, au cœur de la ville. <br />
Contact : sentinelles@mountainwilderness.fr</p>
</blockquote>
<p><strong>Entendons nous bien, que les stations jouent leur partition est bien sûr compréhensible. </strong>Mais le rôle des collectivités publiques n’est pas de souffler dans le sens du vent. Le devoir des politiques est de prévenir, d’aider les stations à se diversifier et s’adapter avant qu’il n’y ait plus de neige, innover pour un tourisme différent, qui puisse se décliner toute l’année , basé non sur nos faiblesses mais sur nos atouts : les paysages, la gastronomie, la culture, les sports pleine nature, la randonnée et les refuges, la reconnexion avec les écosystèmes. Toutes les études récentes pointent que ce que recherchent aujourd’hui les visiteurs en montagne sont avant tout la détente, le contact à la nature, la recherche d’authenticité et de sérénité. Le directeur de l’innovation à la Compagnie des Alpes lui-même évoquait lors d’un colloque à la Région en octobre les “3R” : rupture, retrouvailles et ressourcement. Les stages de yoga et de méditation associés à la marche en montagne explosent. La pratique de l’escalade a augmenté de plus de 35% selon la Fédération française et une enquête du Ministère du Tourisme indique que les Français sont plus de 5 millions à pratiquer la randonnée. La montagne est loin de se résumer au ski.</p>
<p><strong>Il devient enfin urgent de penser aux 97 % de territoires de montagne qui ne sont pas des pistes, aux habitant-e-s qui y vivent toute l’année, et prioriser l’aide à celles et ceux qui en ont le plus besoin.</strong></p>
<p>Las. Pire que de la fuite en avant, on assiste en montagne à la cécité scélérate d’acteurs qui ont les infos, les leviers et les financements, mais refusent de voir la réalité et d’anticiper pour le bien de ces territoires et populations qu’ils prétendent aider. <strong>C’est l’histoire folle de pompiers pyromanes qui, pour prolonger le plaisir, misent sur des facteurs d’aggravation</strong> : davantage d’avions et donc de gaz à effet de serre pour faire venir les skieurs, débauche d’énergie pour pomper l’eau jusqu’aux pistes, arasement de pans entiers de montagne, multiplication de retenues qui captent l’eau et l’empêchent de ruisseler. <strong>Le pari fou de joueurs de poker qui, à l’heure où la menace d’effondrement se fait de plus en plus grave, mettent tous leurs jetons sur les deux éléments qui vont le plus venir à manquer : l’eau et le froid.</strong></p>
<p><strong>En fait tout ça est juste complètement fou.</strong></p>
<p>Cette commission Montagne du 8 février s’est conclue sur l’auto-congratulation bruyante d’un Gilles Chabert sourd aux remarques, tout content que cette étude « <em>valide les choix</em> » de la Région. Au regard des messages que j’ai reçus ensuite je n’ai pas été la seule à me sentir choquée de cette récupération pour le moins partiale du travail des scientifiques. Las, pendant la commission, j’ai été la seule à intervenir. Et<strong> sur ce qu’il se passera après 2025, sur le volet énergie absent de l’étude, sur les subventions aveugles, le risque d’endettement des petites stations, sur ma proposition d’étendre cette étude à l’ensemble des départements de la région, je n’aurai obtenu aucune réaction.</strong></p>
<p>Au moins cette fois suis-je sortie accompagnée d’un « vautour noir », <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2016/06/28/Etonnant%2C-non">en plus des « libellules dépressives » dont Monsieur Chabert m’avait déjà affublé</a>e.</p>
<p>Et vous savez quoi ? En vrai, cette compagnie me va.</p>
<blockquote>
<p><strong>Bonus</strong>. <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Presentation_Prespectives_d_enneigement_et_impacts_sur_les_ressources_des_stations_iseroises.pdf">Télécharger ici la présentation "Perspectives d'enneigement et impacts sur les ressources des stations iseroises (pdf</a>)</p>
</blockquote>
Stratégies politiques en temps de crises écologiques et sociales
urn:md5:550832ccdf5e667da9a1ad9f67f4ef01
2019-03-05T17:21:00+01:00
2019-03-05T17:28:07+01:00
corinne morel darleux
CollapsologieMilitantisme désobéissance et résistancesVidéos
<p>Voici la vidéo (in extenso) de la rencontre-débat organisée au Court-Circuit, bar autogéré à Lyon, également <a href="https://videos.lescommuns.org/videos/watch/b2aa1681-1ce1-4d9d-b1b7-982cb9d4593f">disponible sur le site "Vidéos les communs", alternative à Youtube</a>. Encore un grand merci à toute l'équipe !
<br />
J'y suis intervenue avec Vincent Liegey sur la question de l'effondrement, mon rapport à la collapsologie et mes choix politiques, le devoir de lucidité, la radicalité et nos modes d'action collectifs. Et plein d'autres choses.
Bon visionnage !<br />
<br /></p>
<div align="center">
<iframe width="560" height="315" sandbox="allow-same-origin allow-scripts" src="https://videos.lescommuns.org/videos/embed/b2aa1681-1ce1-4d9d-b1b7-982cb9d4593f" frameborder="0" allowfullscreen></iframe>
</div>
★ "Panser l'effondrement ?" ★ Podcast : Conférence débat à la Maison de l'Ecologie
urn:md5:dc43d634451bce6c6c3663a34ffca3e2
2019-02-27T10:41:00+01:00
2019-02-27T12:57:29+01:00
corinne morel darleux
Militantisme désobéissance et résistancesSons et radio
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/VMCMD.jpg" title="VMCMD.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.VMCMD_s.jpg" alt="VMCMD.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="VMCMD.jpg, fév. 2019" /></a>J'étais en conférence-débat à la Maison de l'écologie de Lyon le 8 février dernier. Confrontation d'idées et logiques de combat avec Vincent Mignerot, président d'honneur d'Adrastia : deux parcours différents, un souci partagé, deux radicalités face à l'effondrement : un débat qui a fait salle comble (nos excuses à toutes celles et ceux qui n'ont pu rentrer) et montré une fois de plus l'appétit d'actions et de débats plus audacieux autour des politiques de l'effondrement, de notre impact écologique, et de la radicalité en politique...</p>
<div align="center">
<iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/pvDnVvDd-Pg" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen></iframe>
</div>
Pour sauver les forêts, il faut sauver les forestiers ! (Chronique Là-bas si j'y suis)
urn:md5:541639648f75c3c80947b374ca309385
2019-02-26T11:38:00+01:00
2019-02-26T11:42:38+01:00
corinne morel darleux
Le fond de l'air est vert (Là-bas)
ForêtsVidéos
<p>Pour ma dernière chronique sur Là-bas si j'y suis j'ai voulu aborder un sujet qui me tient à cœur, les forêts. Un univers en soi, source d'émerveillement comme de régénération, du stockage de carbone au refuge de biodiversité. Un espace encore ouvert à tous, qui préserve en montagne, prévient l'érosion, assainit l'air, communique par le mycélium et abrite le chant des oiseaux. Mais aujourd’hui des lieux menacés par la vision libérale et productiviste qui refuse d'y voir un jardin systémique et veut en faire des usines à planches... Pour en parler, j'ai convié Arnaud Reusser, forestier et syndicaliste à l'ONF, et des extraits du film "Le Temps des forêts" de Francois Xavier Drouet. Aux arbres, citoyens.</p>
<p><a href="https://la-bas.org/la-bas-magazine/chroniques/pour-sauver-les-forets-il-faut-sauver-les-forestiers?fbclid=IwAR3Quo0Dt8045WzCReTbZoLkrXcAR4AfImO1F6TncCCqD9ptEQeOvgWpWTM">L'émission dans son intégralité est ici pour les abonnés</a>.</p>
<p>Extrait :</p>
<div align="center">
<iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/XtELGhwkNlk" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen></iframe>
</div>
Montez le son ! Compte-rendu de mandat radiophonique sur RDWA
urn:md5:a268fcd935931ef7042b7c3172249847
2019-02-20T10:54:00+01:00
2019-02-20T10:57:59+01:00
corinne morel darleux
A la Région, compte rendu de mandat décalé
Agriculture paysanne et souveraineté alimentaireEnvironnement biodiversité et pesticidesMontagneRégion Auvergne Rhone AlpesSons et radio
<div class="texte">
<div class="access firstletter"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/cmd_session_oct.jpg"><img alt="cmd_session_oct.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.cmd_session_oct_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="cmd_session_oct.jpg, oct. 2018" /></a>Nouveau "compte-rendu de mandat radiophonique" sur les ondes de RDWA, la radio indépendante du Diois : où il est question de Michelin et d'hydrogène, du Parc Naturel Régional des Sources et Gorges de l'Allier, de canons à neige, d'aéroports, de trains et de la belle saison qui s'ouvre avec<a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/05/16/Jardiner%2C-nourrir-et-se-pr%C3%A9parer-%C3%A0-atterrir-%28chronique-Reporterre%29"> Les Jardins Nourriciers</a>. </div>
<div class="access firstletter"> </div>
<blockquote>
<div class="access firstletter">Commission permanente du 15 février 2019.<br />
Corinne Morel Darleux nous commente les points suivants :<br />
- La région au capital d'une nouvelle société aux côté de ENGIE et Michelin<br />
- Le tribunal annule l'annulation du Parc Naturel Régional des Sources et Gorges de l'Allier<br />
- Les canons à neige, l'hydrologie, l'économie de la glisse et le département de l'Isère<br />
- Les aéroports pour le développement touristique, en plein réchauffement climatique ?<br />
Aussi l'élue, membre du Parti de Gauche, fait un focus sur l'association <strong>Les Jardins Nourriciers</strong>, puis nous parle de la manifestation du 2 mars proposé par le collectif de "l'étoile de Veynes" concernant la ligne Grenoble/Gap et de la date du 15 mars, journée de <strong>grève scolaire pour le climat</strong>.<br />
<br />
Le blog de Corinne Morel Darleux : <a class="liens" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/" target="_blank">http://www.lespetitspoissontrouges.org/</a><br />
Les assemblées plénières en image : <a class="liens" href="http://tv.auvergnerhonealpes.eu/conseil/index.php/consultation/live" target="_blank">http://tv.auvergnerhonealpes.eu/conseil/index.php/consultation/live</a><br />
<br />
Date : 18.02.19<br />
Lieu : Studio RDWA<br />
Durée : 54'22''<br />
Réalisation : Saru<br />
-</div>
</blockquote>
</div>
<div class="pj"><img alt="http://rdwa.free.fr/Interview/2019/1992%20Interview%20[18.02.19]%20CMDsessionregion22.mp3" class="image" src="https://www.rdwa.fr/_images/ext/icon_mp3.gif" /> <a class="pj" href="http://rdwa.free.fr/Interview/2019/1992%20Interview%20[18.02.19]%20CMDsessionregion22.mp3" target="_blank">Corinne Morel Darleux : Rapport de la Commission Permanente régionale du 15 février 2019 </a>
<div class="ajs-player" contextmenu="return false" id="div_podcast_1299158_3147200" style="width: 250px;">
<div class="ajs-action-button">
<div class="ajs-action-button-icon"> </div>
</div>
</div>
</div>
<div class="ajs-progress-bar">
<div class="ajs-load-bar"> </div>
<div class="ajs-seek-curs"> </div>
<div class="ajs-buffer-bar"> </div>
</div>
Entretien Les Jours sur l'effondrement qui vient... et la réponse politique qui tarde
urn:md5:dc412cb7fb1f522978ed5efce8b6eaa3
2019-02-14T15:46:00+01:00
2019-02-14T15:51:38+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
CollapsologieDystopiesFiction de l effondrementMilitantisme désobéissance et résistances
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/lesjourscmd.png"><img alt="lesjourscmd.png" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.lesjourscmd_s.png" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="lesjourscmd.png, fév. 2019" /></a>Voici le début de mon entretien, disponible en intégralité pour les abonnés, sur le média "Les Jours" qui suit depuis quelques semaines l'excellente "obsession" de François Meurisse sur l'effondrement : des brèves de fin du monde quotidiennes pour s'informer, des entretiens et un vendredi culture fait de musique et de littérature. C'est à la fois grave et léger, ça change des essais et articles compassés, bref : une jolie manière d'aborder le sujet.</p>
<p>Dans ce long entretien, il est question de collapsologie, de risques de dérive libérale et d'écologie radicale, de Deep Green Resistance et d'Extinction Rebellion France, mais aussi de fiction qui décadre, de Rollerball à L'An 01 de Gébé en passant par la Horde du Contrevent de Damasio.</p>
<p><em><strong>Extraits :</strong></em></p>
<p>"Il faut mettre en place des stratégies pour préserver ce qui doit l’être dans la civilisation telle qu’on la connaît… mais il faut aussi se préparer à ce que ça ne suffise pas. Et donc imaginer des stratégies d’adaptation beaucoup plus radicales. (...) réinjecter du politique, de l’action collective, dans des auditoires parfois d’abord mus par des ressentis individuels. (...) J’ai l’impression qu’on est passés en quelques mois du déni collectif à « Tout est foutu, y’a plus rien à faire » ! Entre les deux, la phase des efforts politiques, l’action militante, etc., c’est passé à la trappe. (...) Des gens comme Pablo Servigne et d’autres ont apporté un formidable coup d’accélérateur. Ça fait venir plein de gens, ça foisonne. La question, c’est : quel parcours de formation et de radicalisation politiques mettre en place pour que ça débouche sur de l’action collective ?"</p>
<p>"La fiction, c’est pas de la prophétie, c’est du décadrage. Il devrait y avoir un temps de lecture obligatoire pour tous les politiques ! C’est ce qui nous permet – et je crois que c’est de ça dont on a besoin aujourd’hui – de sortir d’un système de valeurs et de schémas de pensée qui sont aujourd’hui obsolètes.(...) Les mythes de la croissance économique et du progrès ont atteint leur seuil de contre-productivité. (...) On a besoin de passer un cap, qui n’est pas de l’ordre de la marche, mais du pas de côté, à la manière de Gébé et de L’An 01. (...) On a besoin de nouveaux récits, de courage, d’engagement, de loyauté pour construire ce nouveau système. Mais une culture de résistance n’a d’intérêt que s’il y a une résistance."</p>
<h3>« L’effondrement est de plus en plus réel, de plus en plus tangible »</h3>
<p><em>Les Jours·Mardi 29 janvier 2019</em></p>
<p>Pour faire face à la fin du monde, l’ex-Insoumise Corinne Morel Darleux se nourrit de fiction et défend une écologie radicale. Entretien.</p>
<p>Nous sommes sur le « Titanic », la mort de notre civilisation nous fait face. La faute au changement climatique, à l’extinction de la biodiversité, à la raréfaction du pétrole… Cette obsession s’intéresse à l’effondrement d’un monde, le nôtre, au pourquoi, au comment, à l’après : nouvel épisode.</p>
<p><em>Propos recueillis par François Meurisse - Photo : Christophe Stramba-Badiali/Haytham/Réa</em></p>
<p>Nous sommes bientôt en février 2019 et notre civilisation tient, bon an mal an, toujours debout. Les prédictions d’Yves Cochet (lire l’épisode 1) menaceraient-elles… de s’effondrer ? Pas si vite. Nos « mauvaises nouvelles planétaires » quotidiennesdessinent tout de même un panorama peu réjouissant, entre bestioles qui disparaissent (lire l’épisode 9), fuite en avant pétrolière et inconséquence politique (lire l’épisode 14). Et encore, on vous a épargné les chauve-souris décimées, les glaciers qui reculent en Asie et dans le monde, les poissons d’eau douce retrouvés morts, les records d’éclairs et même le destin de George l’escargot. Pas d’erreur, c’est l’horreur.</p>
<p>Face à ce spectacle, les hommes politiques ne devraient-ils pas adapter leurs réponses en conséquence ? C’est ce que défend Corinne Morel Darleux, conseillère régionale Parti de Gauche en Auvergne-Rhône-Alpes. Celle qui a porté le positionnement « écosocialiste » du Parti de Gauche dès sa fondation en 2008 – et été secrétaire nationale chargée de l’écologie – a finalement quitté La France insoumise en novembre dernier. Aujourd’hui, elle s’intéresse à des mouvements écologiques plus radicaux et participe à de nombreux événements publics autour de l’effondrement. Son objectif : réinjecter du politique, de l’action collective, dans des auditoires parfois d’abord mus par des ressentis individuels. Pour cela, elle dispose d’un vecteur puissant : la fiction, qu’elle soit littéraire ou cinématographique.</p>
<p>Comment, en tant que femme politique, êtes-vous arrivée à la notion d’effondrement ?</p>
<p>Depuis dix ans, je suis les négociations climat, les rapports scientifiques sur le sujet, l’actualité liée à la biodiversité et l’action politique qui en découle – ou plutôt qui n’en découle pas. J’ai l’impression d’avoir assisté à la dégradation de la situation d’un point de vue géophysique et à une succession de gouvernements (Sarkozy, Hollande, Macron) qui ne prennent aucune des mesures qui devraient s’imposer. Du coup, il y a un an et demi, j’ai commencé à discuter avec des philosophes, des historiens, des anthropologues, des scientifiques, qui dessinaient les contours de quelque chose de transdisciplinaire autour de l’effondrement. J’ai rencontré Christophe Bonneuil qui s’occupe de la collection Anthropocène au Seuil et pas mal de ses auteurs, notamment Pablo Servigne.</p>
<p>Ça a été un bouleversement ?</p>
<p>Non, cette notion d’effondrement n’a pas révolutionné grand-chose dans ma manière d’aborder les choses. Dans une vie précédente, j’ai été consultante pour de grandes entreprises du CAC 40, Total, Sanofi, etc. Je faisais de la conduite de projets et donc de l’analyse de risques. Il s’agit de prendre en compte à la fois la probabilité qu’un événement destructeur pour le projet arrive mais aussi sa criticité. Là, c’est un peu la même chose : la probabilité est de plus en plus importante et la criticité aussi. Aujourd’hui, pour moi, l’effondrement, c’est de plus en plus réel, de plus en plus tangible. Il y a donc un devoir de lucidité (…)</p>
<p><a href="https://lesjours.fr/obsessions/collapsologie-effondrement/ep18-corinne-morel-darleux/">Pour lire la suite de cet entretien, abonnez-vous aux « Jours », média indépendant et sans publicité.</a>..</p>
Trois fois la fin du monde ("Cartouche" pour Ballast)
urn:md5:1d092b981dea18f0abf1d719bedf5a6e
2019-02-11T10:19:00+01:00
2019-02-11T10:20:45+01:00
corinne morel darleux
Anticipations
DystopiesFiction de l effondrement
<div><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/ballast.png"><img alt="ballast.png" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.ballast_s.png" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="ballast.png, fév. 2019" /></a>Dans les <a href="https://www.revue-ballast.fr/cartouches-39/">"Cartouches n°39" de la revue Ballast</a>, ma contribution sous forme de chronique d'une Robinsonade post-apocalyptique parmi de nombreuses munitions pour l'esprit : "le <em>goût des cerises, une Terre sans oiseaux, une expérience du monde, la frénésie contemporaine, un paysage balafré, un Nietzsche à deux visages, un rêve américain brûlé, une géographie libertaire, les femmes de la guerre, la vie polaire et l’exil</em>"...</div>
<div> </div>
<h3><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/divry.jpg"><img alt="divry.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.divry_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="divry.jpg, fév. 2019" /></a>Trois fois la fin du monde, de Sophie Divry</h3>
<div>C’est là une robinsonnade contemporaine à la fois dure et belle, pleine d’amour et de rage. Trois tableaux, un personnage. L’écrivaine Sophie Divry nous propulse dans la tête de Joseph Kamal à son arrivée en prison. Le récit est raide, sans complaisance : des cellules surpeuplées, un quotidien fait d’aléatoire et de promiscuité. La tension carcérale est toxique, la violence dans toutes les veines. Joseph va d’abord y perdre sa dignité, puis son empathie. C’est la première fin du monde : un condensé du pire des sociétés humaines, une étape préliminaire. Joseph en sort brisé. Deuxième acte, la catastrophe vient d’avoir lieu. On en sait peu, juste qu’elle est d’origine nucléaire. Tout s’est effondré, la prison comme la moitié de l’Europe. Joseph s’en sort et décide de se réfugier dans la zone interdite. Réveil du misanthrope qui sommeille en chaque lecteur : l’homme est enfin seul, libéré de ses congénères et des entraves de la société. Il dispose de maisons désertées et de supermarchés ; tout lui appartient désormais : le fantasme de l’abondance sans la société. Joseph va s’y construire une nouvelle vie. Sans êtres humains mais non sans compagnie : animaux, rivière, champs et forêt… Joseph explore son nouveau territoire, apprend à l’habiter et, en y cherchant les moyens de sa subsistance, l’apprivoisera tout autant qu’il se laissera apprivoiser. Il y a de l’Enfer et de l’Éden dans Trois fois la fin du monde. De la solitude, entre luxe et calvaire. De la communion avec la nature. Des déconvenues et de la joie à redécouvrir les saisons, de la peine et des satisfactions au travail de la terre, des attachements profonds qui sauvent comme ils désespèrent. En alternant récits et monologues, par ses changements de rythme littéraire, Sophie Divry réussit une fiction à la fois nerveuse et sensible, et revivifie le pourtant très abondant registre « post-apo » du dernier Homme sur Terre en l’ancrant dans l’intime et le réel. Une pépite. [C.M.D.]</div>
<div> </div>
<div><em>Éditions Notabilia - Noir sur Blanc, 2018</em></div>
Des champis dans le Diois (chronique Reporterre)
urn:md5:fb8951a6efa2a1ce11027defa2f5edb5
2019-02-08T15:02:00+01:00
2019-02-08T16:04:36+01:00
corinne morel darleux
Chroniques du Diois (Reporterre)
Agriculture paysanne et souveraineté alimentaireDiois
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/a_pleurote_1.JPG"><img alt="a_pleurote_1.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.a_pleurote_1_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="a_pleurote_1.JPG, janv. 2019" /></a>Chronique publiée sur <a href="https://reporterre.net/Dans-le-Diois-poussent-les-champignons-de-l-autonomie">Reporterre le 30 janvier 2019 </a></p>
<h3>Dans le Diois poussent les champignons de l’autonomie</h3>
<p><strong><em>Quand on vient de Die par la départementale, il faut tourner au pont vers Sainte Croix et poursuivre jusqu’au fond de la vallée pour trouver le village de Saint Julien. Le Quint est une petite vallée somptueuse qui ne mène nulle part, où subsistent des fermes, de l’habitat isolé, quelques hameaux. A 350 habitants, tout le monde s’y connaît, et depuis que Le bistrot badin a ouvert, avec l’aide de la Mairie, il y a de nouveau des lampions l’été. Avant il y avait aussi un élevage de lapins industriel qui envoyait des milliers de lapins à l'abattoir chaque année. A la place, maintenant, il y a des shiitake.</em></strong></p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/damien_et_axelle.JPG"><img alt="damien_et_axelle.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.damien_et_axelle_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="damien_et_axelle.JPG, janv. 2019" /></a>Il y a des reconversions réussies, et des moments où on se sent tout petit. De ces moments où on se dit pour la millième fois qu’on ne sait vraiment rien faire de ses dix doigts. Et où on a envie de prendre dans ses bras les gens qui se retroussent les manches et mettent les mains dans le cambouis, la terre ou la farine. C’est le cas à chaque passage du plombier, de chaque <a href="https://reporterre.net/Les-jardins-nourriciers-cooperent-pour-surmonter-l-effondrement">binage aux Jardins Nourriciers</a> ou chez le boulanger... et c’est désormais le cas avec Damien, dernier arrivé sur le marché de Die, dont le stand ne désemplit pas depuis deux semaines.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/a_vallee_du_quint_la_vue_du_terrain.JPG"><img alt="a_vallee_du_quint_la_vue_du_terrain.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.a_vallee_du_quint_la_vue_du_terrain_s.jpg" style="float: left; margin: 0px 1em 1em 0px;" title="a_vallee_du_quint_la_vue_du_terrain.JPG, janv. 2019" /></a></p>
<p>Montreuillois repentis, Axelle et Damien sont arrivés il y a trois ans dans le Diois. La proportion de communicants frôlant désormais ici les mêmes taux de concentration qu’à Paris, Damien a abandonné Powerpoint et slogans pour se mettre aux « champis ». Une drôle d’idée, partie d’une plaisanterie avec son frère Jo, qui ne fait en réalité ricaner personne : ils vendent leurs champignons jusqu’à Valence et commencent à donner des idées à tout le pays.</p>
<p>Il faut dire qu’on est dans la saison où les étals commencent à manquer de fun, et la cuisine de charme : en ce mois de janvier, il n’y a plus de Picodon depuis presque un mois, et à perte de vue ce ne sont que racines et tubercules, des trucs honnêtement qu’on ne sait même pas comment accommoder parfois.</p>
<p>Les tomates sont loin. Les figues encore pire. Il n’y a guère que la mâche pour venir apporter un peu de légèreté aux repas. Alors fatalement, ces belles pleurotes argentées, ça donne envie. Et comme les Anciens refusent vraiment de donner leurs coins à champignons, et qu’il fait quand même -5°C, c’est aussi commode de les acheter sur le marché.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/a_premier_stade.JPG"><img alt="a_premier_stade.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.a_premier_stade_s.jpg" style="float: left; margin: 0px 1em 1em 0px;" title="a_premier_stade.JPG, janv. 2019" /></a></p>
<p>Ces champignons là d’ailleurs ne poussent pas dans les bois, ni d’ailleurs dans une cave, mais dans une serre tunnel munie d’étagères : un nouveau dispositif de myciculture né aux États-Unis et qui s’étend largement là-bas mais n’avait pas encore été expérimenté chez nous.</p>
<p>C’est donc outre-Atlantique que Damien et Jo ont dû se former. « <em>Quand on n’est pas sûrs, on vérifie encore régulièrement sur Youtube, on se passe les vidéos pour voir comment ils ont installé leurs lampes, les humidificateurs, voir les réglages et les angles</em> ». Et comme côté finances, il n’y a guère que les pleurotes qui soient argentées, on fait dans la récup, on bricole, on va chercher des astuces.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/champi_1.JPG"><img alt="champi_1.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.champi_1_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="champi_1.JPG, janv. 2019" /></a>Et ça marche. En témoignent les magnifiques bouquets de cinq variétés différentes de pleurotes, et surtout la fierté des deux frères : les premiers shiitake, en français Lentin du Chêne, un champignon riche en vitamines B et D, en fer et en potassium Ici il ne pousse pas sur l'arbre shii, ou Castanopsis cuspidata, mais sur un « pain » de sciure et de déchets agricoles (son de blé ou tourteau de soja, par exemple), posé sur une étagère et soigneusement chauffé, humidifié, et protégé des champignons parasites qui rêvent de le coloniser.</p>
<p>Dans la salle où grandissent les champignons, l’ambiance fait davantage penser à une magnanerie de vers à soie qu’à une serre de maraîcher. Et le paysage est celui d’un monde étrange, architectural, où les spores voltigent la nuit.</p>
<p>Mais avant d’arriver à ces fleurs ciselées d’humus, il a fallu donner de soi. D’abord, trouver un lieu où s’installer : ce sera un ancien élevage de lapins en faillite. Un bel espace en bord de rivière, avec des arbres, des caravanes et des cabanes qui datent du temps où le terrain accueillait des camps scouts. Mais c’est aussi un élevage industriel laissé en l’état, truffé de 300 mètres cubes de lisier. Un site naturel auquel il a fallu rendre la vie, une opération qui a nécessité plus de 6 mois de nettoyage.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/champis_4.JPG"><img alt="champis_4.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.champis_4_s.jpg" style="float: left; margin: 0px 1em 1em 0px;" title="champis_4.JPG, janv. 2019" /></a></p>
<p>In fine, pour élever des champignons, Damien et Jo ont du se faire jardiniers, charpentiers, manutentionnaires, ils ont étudié la dépollution des sols, charrié du purin, cherché des fournisseurs et sont devenus experts en taux d’humidité. Ce sont autant de savoirs récupérés, qui ne disparaîtront pas de la vallée : on sait de moins en moins, dans nos sociétés modernes, reconnaître les plantes médicinales et les champignons comestibles, bricoler un éclairage, réparer un joint ou faire une vidange. Le tout-électronique, le non-réparable, le prêt-à-consommer et le tout-jetable nous coûtent cher en achats contraints, en déchets, et nous font perdre en autonomie. Or de l’autonomie, notamment alimentaire, on risque d’en avoir de plus en plus besoin. Ainsi, pour rester dans le domaine des champignons, l’été dernier, dans l’Yonne, le Berry, la Haute-Marne, les Landes, la Dordogne... il a fait trop chaud. Le mycélium, qui assure le développement et la protection des champignons, a peiné à trouver assez d’humidité dans le sol. Le réchauffement climatique commence à avoir des effets sacrément concrets...</p>
<div> </div>
Des avions, des incendies et des stars en Californie
urn:md5:e0e6f8fe063ee07b909fa799caac43c5
2019-01-14T16:37:00+01:00
2019-01-14T16:45:52+01:00
corinne morel darleux
Le fond de l'air est vert (Là-bas)
Climat et CopTransports
<p>Des incendies en Californie aux voyages aéroportés des stars, un fil jaune : lâcher Instagram, réfléchir deux secondes et taxer le kérosène (pour commencer). Ma dernière <a href="https://la-bas.org/la-bas-magazine/chroniques/et-si-en-2019-on-taxait-les-transports-des-riches?var_bonjour=oui">chronique écosocialiste sur Là-bas si j'y suis pour les abonnés</a> et un extrait en accès libre ici :</p>
<div align="center">
<iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/eA9Dmf8HEK4" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen></iframe>
</div>
<p>Par ailleurs à propos de trains et d'avions, je signale cette petite carte éclairante qui superpose ce qu'il reste de lignes ferroviaires en France et les lignes aériennes domestiques : « <em>C’est simple, sans appel, aujourd’hui l’avion comble les lacunes d’une organisation ferroviaire (donc politique) qui, dans son développement, a trouvé bon d’oublier de desservir les grandes aires urbaines *entre elles*</em> ». <a href="https://t.co/WdqYw8ml4z">Source : Le train de nuit n’est pas mort ou “Pourquoi le ressusciter ?”</a></p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/trainsavions.png" title="trainsavions.png"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.trainsavions_s.png" alt="trainsavions.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="trainsavions.png, janv. 2019" /></a></p>
Visite "ruralité" de deux Ministres dans le Diois
urn:md5:e8b51e95c0e44b62940e538ec8545a72
2019-01-11T14:42:00+01:00
2019-01-11T15:54:13+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
DioisEducationMilitantisme désobéissance et résistances
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/SteCroix2.jpg" title="SteCroix2.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.SteCroix2_s.jpg" alt="SteCroix2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="SteCroix2.jpg, janv. 2019" /></a><em><strong>Nous avons appris avant-hier que deux éminents membres du gouvernement allaient venir à Die ce vendredi. Il s’agissait d’un « déplacement ruralité » du ministre de l’Éducation Nationale et de son collègue en charge des collectivités territoriales, Messieurs Blanquer et Lecornu.</strong></em></p>
<p><em><strong>Déjà, pour le grand débat national au plus près du terrain qui s’annonce, ça commence mal. Seule élue régionale du Diois, je n’ai pas été conviée ni même informée. Dont acte. Je suis donc restée dehors, en mode élue-reporter, pour rendre compte de ce qui s’y passait, vu des ronds-points et de la rue. Mais quelques réflexions que cela m’inspire tout d'abord.</strong></em></p>
<p>D’abord, Monsieur Lecornu a déclaré avant-hier au Dauphiné Libéré : « <em>Je crois beaucoup au modèle montagnard. En clair, ce n’est pas à Paris que l’on sait quelles décisions sont bonnes pour la montagne</em> ». Certes. Par exemple, au hasard : <a href="https://www.bastamag.net/Le-gouvernement-ferme-la-plus-petite-maternite-de-France">fermer une maternité en zone de montagne comme l’a fait leur collègue de la Santé</a>, et obliger les futurs parents à faire plus d’une heure de route jusqu’à Valence. Ou toujours au hasard, remplacer les trains par des cars ce qui, ne l'oublions jamais, fut le premier acte par lequel notre Président de la République s'est illustré (coucou le TER 17359).</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Diehiver.jpg" title="Diehiver.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Diehiver_s.jpg" alt="Diehiver.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Diehiver.jpg, janv. 2019" /></a>Là par exemple, il est 18h30, il fait 0°C à Die. D’ici demain avec un peu de chance les routes seront verglacées. A moins qu'ils ne viennent en hélicoptère, ce sera l’occasion pour eux de vérifier.</p>
<p>Cette visite « scolarité innovante et attractive » va donc mener les Ministres au collège-lycée du Diois. Fort bien. En septembre 2018, on alertait justement sur <a href="https://t.co/IdzBbLjije">le poste d’infirmier scolaire, seul pour 1.600 élèves</a> de maternelle, primaire, collège et lycée. Apparemment Monsieur Blanquer veut rapprocher primaires et collèges, « mutualiser »... Si c’est pour généraliser ce genre de situation, on a déjà expérimenté, merci, et ça promet.</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/lyceeDie.jpg" title="lyceeDie.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.lyceeDie_s.jpg" alt="lyceeDie.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="lyceeDie.jpg, janv. 2019" /></a>Pour la suite du programme ministériel : visite de la petite école rurale de Sainte Croix. Oui oui, celle-là même qui s’est démenée des mois durant comme un beau diable pour garder son contrat aidé. Grandiose mesure annoncée brutalement par le même gouvernement qui vient aujourd’hui vanter la ruralité. Sans commentaire. (mais <a href="https://bit.ly/2TISn1k">plus d'infos ici</a>)</p>
<p>Remontons encore un peu dans le temps… Novembre 2017. Après l’annonce de fermeture de la maternité et de la chirurgie, c’est le poste d’emploi vie scolaire de l’école qui est menacé. Là encore, mobilisation des parents et enseignants de l'école publique Chabestan, et le sentiment grandissant que quelqu’un dans ce gouvernement a décidé de changer le Vercors en désert, clairement.</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/MinistresaDie.jpg" title="MinistresaDie.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.MinistresaDie_s.jpg" alt="MinistresaDie.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="MinistresaDie.jpg, janv. 2019" /></a>Enfin, je n’apprendrai à personne qu’il y a comme un mouvement en ce moment, <a href="https://bit.ly/2Rkemif">les Gilets Jaunes. Ils ont deux-trois arguments dans notre vallée de la Drôme</a>. Quatre d'entre eux ici viennent d’être <a href="https://bit.ly/2BQppFc">lourdement condamnés</a>. Et je ne suis pas sûre que cette visite, même bien scénarisée, contribue à les apaiser.</p>
<p>Voilà. J'écrivais hier : "Demain, <a href="https://bit.ly/2A7lpkr">dans ma vallée</a>, il y aura des barrières de sécurité, des forces de l’ordre et des journalistes. Plus peut-être qu’on en a jamais attirés. J’espère qu’ils sauront se souvenir que supprimer une école, des trains, la chirurgie et la maternité, c'est condamner à terme cette même ruralité que deux pompiers pyromanes viennent nous vanter". Ça n'a pas raté...</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/BlanquerDie1.jpg" title="BlanquerDie1.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.BlanquerDie1_s.jpg" alt="BlanquerDie1.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="BlanquerDie1.jpg, janv. 2019" /></a><strong>Vendredi 11 janvier, 7h.</strong></p>
<p>Ambiance Gilets Jaunes et présence de CRS rarement vue à Die, mais calme devant le collège-lycée pour la venue des ministres Blanquer et Lecornu... Une dizaine d'enseignants demande à être reçus par le dir cab du ministre Blanquer. En visite à la cité scolaire ce matin, il n'a pas prévu de passer en salle des profs (!) Effectifs, réforme, difficulté à recruter en zone rurale : les inquiétudes ne manquent pourtant pas.</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/BlanquerDie3.jpg" title="BlanquerDie3.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.BlanquerDie3_s.jpg" alt="BlanquerDie3.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="BlanquerDie3.jpg, janv. 2019" /></a>Nouvelle en date, le projet de réforme "écoles du socle" qui a commencé à être expérimentée dans le Finistère. Elle devrait arriver à l'assemblée nationale au printemps et être déployée à la rentrée. Les écoles primaires seraient rattachées aux collèges, avec un adjoint au proviseur chargé des écoles. Il n'y aurait dans ce cas plus de directeur-rice présent dans les écoles primaires. Qui recevra les parents, qui assurera les tâches quotidiennes ? Et risque de regroupement pour les petites écoles rurales, au nom de la "mutualisation"...Un des invités posera-t-il la question ?</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/BlanquerDie2.jpg" title="BlanquerDie2.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.BlanquerDie2_s.jpg" alt="BlanquerDie2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="BlanquerDie2.jpg, janv. 2019" /></a>On apprend que Sébastien Lecornu qui accompagnait jeudi le ministre Blanquer dans les Hautes-Alpes, a finalement <a href="https://t.co/oX94q7Y2x7">annulé sa visite dans la Drôme</a> hier soir. Il est rentré à Paris ce matin, officiellement pour préparer le "Grand Débat". Y a du boulot, en effet, mais ce que je ne saisis pas bien, c'est ce qui a précipité ce retour soudain du ministre Lecornu à Paris... Ce n'est pas comme si il avait découvert dans la nuit qu'il est en charge d'organiser ce débat, si ?
<br />
<br /></p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/SteCroix1.jpg" title="SteCroix1.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.SteCroix1_s.jpg" alt="SteCroix1.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="SteCroix1.jpg, janv. 2019" /></a><strong>10h, pont de Sainte Croix.</strong> Suite visite gouvernementale "ruralité" dans le Diois, épisode 3. Prochaine étape du ministre Blanquer, la petite école rurale du village de Sainte Croix. Double blocage gilets jaunes et gendarmes au niveau du pont qui y mène. Arrivée de nombreux CRS pour débloquer les Gilets Jaunes présents sur la route du village où doit arriver le ministre... Au bout du compte, passage sans heurts du convoi vers Sainte Croix (mais punaise ça gèle grave). Vidéos ⤵️</p>
<div style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;">
<video controls="" preload="auto" width="400" height="300">
<source src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/MOV_1460.mp4">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?pf=player_flv.swf" width="400" height="300">
<param name="movie" value="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?pf=player_flv.swf">
<param name="wmode" value="transparent">
<param name="allowFullScreen" value="true">
<param name="FlashVars" value="title=MOV_1460.mp4&amp;margin=1&showvolume=1&showtime=1&showfullscreen=1&buttonovercolor=ff9900&slidercolor1=cccccc&slidercolor2=999999&sliderovercolor=0066cc&flv=http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/MOV_1460.mp4&width=400&height=300">
Lecteur vidéo intégré</object>
</video>
</div>
<div style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;">
<video controls="" preload="auto" width="400" height="300">
<source src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/MOV_1463.mp4">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?pf=player_flv.swf" width="400" height="300">
<param name="movie" value="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?pf=player_flv.swf">
<param name="wmode" value="transparent">
<param name="allowFullScreen" value="true">
<param name="FlashVars" value="title=MOV_1463.mp4&amp;margin=1&showvolume=1&showtime=1&showfullscreen=1&buttonovercolor=ff9900&slidercolor1=cccccc&slidercolor2=999999&sliderovercolor=0066cc&flv=http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/MOV_1463.mp4&width=400&height=300">
Lecteur vidéo intégré</object>
</video>
</div>
<div style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;">
<video controls="" preload="auto" width="400" height="300">
<source src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/MOV_1465.mp4">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?pf=player_flv.swf" width="400" height="300">
<param name="movie" value="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?pf=player_flv.swf">
<param name="wmode" value="transparent">
<param name="allowFullScreen" value="true">
<param name="FlashVars" value="title=MOV_1465.mp4&amp;margin=1&showvolume=1&showtime=1&showfullscreen=1&buttonovercolor=ff9900&slidercolor1=cccccc&slidercolor2=999999&sliderovercolor=0066cc&flv=http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/MOV_1465.mp4&width=400&height=300">
Lecteur vidéo intégré</object>
</video>
</div>
<p><br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br /><br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br /></p>
<p><strong>11h30. Et enfin, retour à Die</strong> et confirmation par un twitt de l'Académie qu'après la suppression de la maternité, du train TER 17359 qu'empruntent les internes, des contrats aidés et EVS, nous allons avoir la joie d'expérimenter le dispositif "écoles du socle". Merci M Blanquer, et vive la ruralité !</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/twittAcademie.jpg" title="twittAcademie.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.twittAcademie_s.jpg" alt="twittAcademie.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="twittAcademie.jpg, janv. 2019" /></a></p>
« Maintenant, il faut tout donner, tout tenter pour inverser le cours des choses » (entretien Reporterre)
urn:md5:f44a28d3eb24e07793988600def1dfb0
2019-01-07T07:58:00+01:00
2019-01-07T07:58:00+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
CollapsologieEcosocialismeMilitantisme désobéissance et résistances
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/MathieuGenonReporterre.jpg"><img alt="MathieuGenonReporterre.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.MathieuGenonReporterre_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="MathieuGenonReporterre.jpg, janv. 2019" /></a>Long entretien avec Hervé Kempf et Lorène Lavocat, publié le 5 janvier <a href="https://reporterre.net/Corinne-Morel-Darleux-Maintenant-il-faut-tout-donner-tout-tenter-pour-inverser">sur Reporterre</a> dans le cadre d'une grande série d’entretiens de fond avec celles et ceux qui renouvellent la pensée écologique aujourd’hui. Photo : © Mathieu Génon/Reporterre</p>
<p><em><strong>Comment inverser le cours d’un monde qui nous promet l’effondrement ? L’engagement dans un parti, les batailles électorales suffisent-ils ? Comment démultiplier la force de la société civile et des multiples îlots de résistance ? Corinne Morel Darleux propose des réponses, mue par un fort sentiment de l’urgence d’agir.</strong></em></p>
<p><strong>Reporterre — Comment en êtes-vous venue à l’écologie ?</strong></p>
<p><strong>Corinne Morel Darleux</strong> — Je suis arrivée à l’écologie par le biais social plutôt qu’environnemental. Parce que mon premier haut-le-cœur vis-à-vis de la société a été provoqué par le consumérisme débridé et les inégalités sociales. Je vivais encore à Paris, où je voyais de plus en plus de gens dormir dans la rue, souvent sous des vitrines illuminées remplies de gadgets bon marché électroniques produits à l’autre bout de la planète. Mais la prise de conscience et l’engagement sont venus relativement tard : j’ai commencé à faire de la politique à 35 ans.</p>
<p><strong>Et que faisiez-vous avant de tomber dans la politique ?</strong></p>
<p>J’ai fait une prépa HEC, une école de commerce, puis un doctorat. Une trajectoire « dans le moule », comme on dit. J’ai eu une première « anomalie de parcours » à l’issue de mon doctorat, quand j’ai monté une galerie d’art contemporain. Puis, comme la galerie n’a pas fonctionné, je me suis retrouvée consultante en organisation et en stratégie auprès des grandes entreprises du CAC40, pendant plusieurs années. Je parcourais les tours de la Défense avec mon attaché-case, mon tailleur pantalon (rires)… Mais toujours avec ce côté un peu décalé. Au sein du cabinet, j’ai été la première à passer à un 4/5e pour libérer du temps afin de faire autre chose.</p>
<p>À force de décalage, et avec ce refus de la société de consommation et de l’injustice qui montait, j’en suis arrivée à un moment où il est devenu trop compliqué d’exercer ce métier. En 2005, j’ai fini par démissionner, et j’ai été embauchée à la mairie des Lilas, au service éducation et jeunesse.</p>
<p><strong>Parallèlement, vous avez commencé à militer…</strong></p>
<p>Je me suis rapprochée du mouvement Utopia, à la suite d’une conférence qu’ils donnaient sur le revenu universel. J’ai beaucoup participé à la rédaction du premier manifeste d’Utopia. Et comme il y avait besoin de monde pour porter la motion du mouvement au sein du Parti socialiste, en vue du Congrès de Reims de 2008, j’ai intégré ce parti pendant un an. Complètement à contre-courant, et de manière ultraminoritaire.</p>
<p>À ce moment, j’ai été approchée par Jean-Luc Mélenchon et des gens autour de lui qui préparait le lancement du Parti de gauche. Ils voulaient lancer un appel aux décroissants, aux gens de l’écologie radicale. Je naviguais dans ces réseaux, et je me suis embarquée dans cette aventure.</p>
<p>Deux mois auparavant, j’avais quitté Paris pour m’installer dans la Drôme, dans une optique de retrait de la société. Mais je me suis retrouvée happée par le tourbillon de la création d’un parti politique ! Je me suis notamment investie dans la construction du secteur écologie du parti.</p>
<p><strong>Vous êtes venue à la politique par la question des injustices sociales, mais comment avez-vous basculé du côté de l’écologie ?</strong></p>
<p>Le cœur d’Utopia était la remise en cause du dogme de la croissance, de la société de consommation et de la place du travail. En approfondissant ces questions, on se rend vite compte que cela va de pair avec un désastre écologique. Ma pensée politique sur la question de l’écologie s’est construite en mettant tout cela en relation. Il n’y a avait pas d’un côté l’environnement et de l’autre le social. Les racines du mal sont les mêmes : un système d’organisation capitaliste et une mondialisation débridée des échanges et des flux de marchandises.</p>
<p>Il n’y a pas eu de basculement, mais un cheminement intellectuel, individuel et collectif, à travers les échanges au sein d’Utopia ou du Parti de gauche, qui m’ont aidée à formaliser une pensée construite, articulée.</p>
<p>Puis, en déménageant dans la Drôme il y a dix ans, j’ai découvert ce qu’était un ciel qui change, des saisons avec des fruits et légumes différents, crever de chaud l’été et se blottir l’hiver au coin du feu. Je suis née et j’ai grandi à Paris. Quand je mettais les doigts dans la terre, j’allais me laver les mains dans les secondes qui suivaient. La forêt, la montagne étaient pour moi des milieux hostiles. La Drôme, ça a été un choc esthétique et sensoriel, une totale nouveauté, qui a donné une autre dimension à mon engagement : il ne passait plus seulement par ma tête, mais qui venait aussi convoquer les tripes et les poings.</p>
<p><strong>Quelles ont été vos sources d’inspiration dans l’écologie ?</strong></p>
<p>J’ai besoin de la fiction et qu’on me raconte une histoire avec des personnages. J’ai été très marquée par des films d’anticipation ou de dystopie comme Rollerball, Soleil vert ou plus récemment Les Fils de l’homme, Matrix ou Mad Max. Du côté de la littérature, Les Racines du ciel, de Romain Gary, a été un livre très important pour moi. En ce qui concerne la théorisation, cela passe plus par des discussions, par des rencontres ou par des formats courts, du type podcast. Je fonctionne en mode « éponge » : je vais absorber des idées à plein de sources différentes et ensuite restituer.</p>
<p><strong>Comment définiriez-vous le problème écologique aujourd’hui ?</strong></p>
<p>J’éprouve un sentiment d’urgence et de gravité : il n’est pas synonyme de désespoir, mais au contraire de l’idée que c’est maintenant qu’il faut tout donner, tout tenter ; il ne nous reste pas beaucoup de temps pour inverser le cours des choses. Et j’ai l’impression que les choses s’accélèrent énormément depuis quelques mois.</p>
<p>Il y a sans doute un effet d’optique lié entre autres à la multiplication de scientifiques qui font le choix de sortir de la neutralité dans laquelle ils ont été cantonnés pendant très longtemps. J’ai lu sur Twitter le témoignage poignant d’un chercheur qui disait : « Je viens de faire la chose la plus terrifiante de ma carrière, je viens d’envoyer un message à tous mes collègues scientifiques pour leur dire qu’il fallait désormais qu’on s’engage. »</p>
<p>Au-delà de ce témoignage, il y a des faits qui se multiplient et des emballements qui s’enclenchent. Le changement climatique est de plus en plus visible, même en France. Ce qui semblait appartenir au domaine de la banquise et des ours blancs frappe aujourd’hui à notre porte, avec les effondrements les montagnes dans les Alpes, avec l’assèchement du lac d’Annecy, avec des communes ravitaillées en eau par des camions-citernes. Il y a une prise de conscience qui touche le grand public de manière beaucoup plus forte qu’avant. Par contre, elle n’ébranle pas le pouvoir en place. Ce n’est pas au niveau des pouvoirs traditionnels et institutionnels que les choses vont pouvoir se faire.</p>
<p>Il y a également d’autres facteurs de vulnérabilité du côté du numérique et des algorithmes, du côté de la finance mondialisée. Tout ceci est interconnecté et rend l’édifice très fragile. Il suffit qu’une maille craque pour que tout s’effondre. Mais le climat et la biodiversité ont malheureusement une grosse longueur d’avance en matière de probabilité d’un effondrement de nos sociétés.</p>
<p>L’urgence coïncide avec une forme de prise de conscience. On arrive à un moment où on peut inventer et construire des formes d’actions politiques nouvelles avec des réseaux nouveaux avec des alliances nouvelles et avec, je l’espère, des résultats inédits.</p>
<p><strong>Comment expliquer, si se produit la prise de conscience que vous évoquez, qu’il y ait Trump aux États-Unis, Bolsonaro au Brésil, Poutine en Russie et tant d’autres, qui nient ou négligent la question écologique ?</strong></p>
<p>Les facteurs sont multiples et les contextes différents. Mais il est évident qu’on assiste à une vague de mouvements d’extrême droite. Le point commun à tous ces pays est une succession de trahisons des gouvernements, quelle que soit leur étiquette, qui a durablement et profondément entamé la confiance des populations envers leurs représentants. Il se produit une crise de la démocratie représentative. Avec de ce fait une prime à des candidats qui portent une parole forte et incarnent des personnalités virilistes, puissantes.</p>
<p>Il me semble aussi que la galère, les situations difficiles socialement ou les perspectives effrayantes d’un point de vue climatique ne créent pas davantage de conscience politique, de solidarité, d’entraide, et de réflexes humanistes. Cela provoque du repli. Quand vos conditions d’existence sont un combat de tous les jours et que la première question que vous ayez à résoudre est de savoir quelle facture vous allez payer entre le loyer, la cantine ou les lunettes, cela ne laisse pas beaucoup de disponibilité d’esprit pour l’intérêt général, l’avenir de la planète.</p>
<p><strong>Vous parlez à la fois d’une prise de conscience qui s’accélère, et d’une montée de l’extrême droite. N’est-ce pas contradictoire ?</strong></p>
<p>Beaucoup de personnes ne font pas le lien entre le dérèglement climatique ou l’extinction de la biodiversité et le système capitaliste, l’organisation de la production, et la politique.</p>
<p>Les médias dominants — ou dominés, c’est selon — traitent ces questions avec une espèce de confusion. Les reportages sur la taxation des carburants ne font pas le lien avec la disparition des services publics de proximité, ou des lignes de chemin de fer. On entend parler de réchauffement comme si c’était des épisodes météo, sans que ce soit relié avec l’organisation de la ville, de la vie.</p>
<p><strong>Comme si cela restait une sorte de fatalité…</strong></p>
<p>Oui, et comme s’il s’agissait d’événements isolés. Si cet effort pédagogique n’est pas relayé par les médias de grande écoute, la prise de conscience a du mal à se raccrocher à des questions politiques d’organisation de la cité, et à trouver un débouché institutionnel.</p>
<p>Mais on discute uniquement de la manière dont cela peut s’exprimer par le vote, par les élections et par un débouché partisan, institutionnel. Or aujourd’hui, le débouché naturel de cette inquiétude, de cette prise de conscience, ne va pas du côté des partis ni des élections. Il se reflète du côté de cette société civile dont jusqu’ici on avait du mal à voir ce qu’elle recouvrait. Aujourd’hui, il y a des mouvements, des réseaux, des résistances locales, des initiatives collectives qui ne font pas partie du système représentatif, qui ne se présentent pas au suffrage universel, mais qui permettent de proposer un débouché, soit en matière de résistance, soit en matière de constructions d’alternatives, soit en matière de désobéissance civile. C’est plus à cette aune-là qu’il faut mesurer la prise de conscience et sa traduction en acte, que dans les résultats électoraux.</p>
<p><strong>Pourtant jusqu’ici votre principal mode d’action pour faire avancer les idées sociales et écologistes a été par le système de l’élection, du parti…</strong></p>
<p>Oui.</p>
<p><strong>Vous n’y croyez plus ?</strong></p>
<p>Je continue à croire à l’utilité des partis politiques et à l’importance d’avoir une forme de démocratie institutionnelle ; je continue à penser qu’un jour d’élection est peut-être le seul jour de l’année où la voix de chacun vaut la voix d’un autre.</p>
<p>Par contre, ce qui a changé, c’est que je l’ai vécu de l’intérieur. Et je continue à l’expérimenter au quotidien comme élue d’opposition dans une région présidée par Laurent Wauquiez [Auvergne-Rhône-Alpes], avec tout ce que ça implique en matière de frustrations, d’impuissance, tout ce que ça génère d’assister à des prises de décision et à des politiques qui laminent des cortèges entiers d’associations, de petits festivals, de réseaux, et qui apportent une régression environnementale énorme.</p>
<p><strong>L’impression d’être le témoin impuissant d’un désastre…</strong></p>
<p>Oui, tout à fait, et ne pas pouvoir remplir son mandat. Parce que les gens qui nous ont élus, certes on les représente, on fait entendre une autre musique, on a réussi à faire annuler le budget de Laurent Wauquiez, on arrive à stopper des mesures devant les tribunaux, mais on n’est qu’un caillou dans la chaussure de Laurent Wauquiez, ça ne l’empêche pas d’avancer. Et en attendant, les dégâts sont faits sur le terrain.</p>
<p>De même que le fait d’avoir participé de manière très active pendant dix ans à la vie interne du Parti de gauche, et ensuite à la dynamique interne de la France insoumise, avec plus de retrait, montre aussi les limites de cette voie. Les processus électoraux, les phases de désignation interne des candidats, les discussions, les bisbilles internes, les négociations stratégiques autour des alliances, les campagnes, prennent une place et dévorent un temps et une énergie folle.</p>
<p>Jusqu’ici, je faisais avec, dans l’idée qu’on avait besoin d’être à la fois dans les rues et dans les urnes, et qu’il y avait une stratégie de conquête du pouvoir à avoir parce que beaucoup de choses dépendent du niveau gouvernemental, des lois qui sont décidées au niveau du Parlement. Je continue à le penser, mais il y a une nouvelle donne : la question du temps qui nous reste pour effectuer des changements importants.</p>
<p>Le temps nous étant compté, toute cette énergie dépensée à des stratégies électorales de conquête du pouvoir entre en contradiction, et presque en compétition, avec du temps consacré à l’action directe. Et quand je dis action directe, je pense au fait de planter des arbres, de remettre en culture des terres qui ne le sont pas aujourd’hui, mais également à des actions de blocage. Parce qu’on a tenté plein d’actions : pétitions, appels, tribunes, manifestations… Mais aujourd’hui, là aussi, on arrive aux limites de l’exercice. Je ne juge pas ceux qui continuent à militer dans des partis : cela reste respectable et nécessaire, ce sont des choix de modes d’action différents et complémentaires.</p>
<p>Finalement cette culture du nombre — où on part du principe qu’il faut qu’il y ait le plus de gens possible et que le rapport de force va être proportionnel au nombre de gens qu’on va arriver à impliquer dans une action — et en même temps cette culture de la demande, où on passe notre temps à nous adresser au préfet, à Laurent Wauquiez, à Emmanuel Macron, à François de Rugy ou à que sais-je, ont atteint leur limite. Il faut changer de braquet et passer à d’autres formes d’action.</p>
<p><strong>Quelles actions engager pour prévenir l’effondrement ou se préparer à y faire face ?</strong></p>
<p>Les deux se rejoignent en partie. Il y a des actions qui permettent à la fois de retarder l’effondrement et de préparer une période post-effondrement. Par exemple, planter des arbres ou remettre des terres en culture. L’agroforesterie permet d’avoir un effet dès aujourd’hui sur le climat et la biodiversité, et en même temps de relocaliser la production alimentaire. En cas d’effondrement, la question de l’approvisionnement alimentaire sera rapidement cruciale, parce que les stocks ne sont pas si importants et que nombre de territoires sont dépendants de l’extérieur pour se nourrir.</p>
<p>Ce genre d’action permet également de rétablir un peu de justice sociale, puisque ce sont les plus pauvres qui sont en première ligne, et que la question alimentaire fait partie des premières inégalités aujourd’hui.</p>
<p><strong>L’effondrement ne touchera pas tout le monde de la même manière : pourrait-on voir l’avènement d’une société encore plus inégalitaire qu’aujourd’hui ?</strong></p>
<p>C’est un vrai risque. Aujourd’hui, personne n’est capable de dire si l’effondrement aura lieu de manière certaine, et on n’est pas non plus capable de dire comment il aura lieu. Ce pourrait être un effondrement brutal tout comme un effondrement beaucoup plus insidieux, avec une lente et longue dégradation.</p>
<p>Dans tous les cas, la question des inégalités sociales et de la lutte des classes seront d’actualité. Aujourd’hui, face aux premières catastrophes climatiques, une oligarchie est en train de se mettre à l’abri, prépare des modes de vie adaptés, fait des réserves, construit des bunkers, des îles artificielles...</p>
<p>Il y a des stratégies d’évitement, d’adaptation, de protection de la part d’un certain nombre de personnes qui peuvent se le permettre parce qu’elles ont les moyens. À côté, les premiers touchés à l’échelle mondiale par les ouragans, les tempêtes, les inondations, les incendies, sont souvent ceux qui ont des habitats de fortune… Il y a déjà de fait une inégalité sociale, et au fur et à mesure que les ressources non renouvelables vont s’amenuiser, au fur et à mesure que la pénurie va s’installer, certains vont pouvoir s’accaparer ces ressources, et ce ne seront évidemment pas les plus miséreux, les précaires ou les minorités.</p>
<p>On pourrait ainsi voir se perpétuer une société à deux vitesses où quelques-uns ont droit à un air pur, à un environnement végétal, à un accès à des produits frais, et où d’autres survivent dans la crasse et la misère avec des produits de synthèse. C’est un thème exploré par la science-fiction dans les années 1970 et qui devient un scénario possible.</p>
<p><strong>Dans les actions que vous citez — quitter la politique représentative, planter des arbres et faire de l’agroforesterie — ne manque-t-il pas un aspect : que faire face aux oligarques qui continuent de construire des autoroutes, de promouvoir la croissance, de lancer des autos électriques… ?</strong></p>
<p>J’ai parlé des blocages de chantier. Vinci, un exemple énorme en France, est capable d’influencer suffisamment les politiques pour imposer des projets d’infrastructures dont l’utilité sociale n’est pas démontrée, mais qui vont permettre aux entreprises de toucher des péages, des frais de parking et de construction… Il y a des actions à mener contre ces gens.</p>
<p><strong>N’est-ce pas là le nouveau paradigme des luttes écologistes : Notre-Dame-des-Landes, Sivens, Roybon, GCO… Ces actions seraient-elles les plus efficaces ?</strong></p>
<p>Absolument. Mais l’un n’empêche pas l’autre. Les opposants au GCO ont récemment mené deux actions différentes, portées par deux mouvements d’opposants, mais simultanées. Tandis que GCO Non merci regroupait 400 personnes pour planter des arbres et des arbustes le long du futur tracé du GCO, la Zad du Moulin bloquait un chantier de Vinci. En Angleterre, Extinction Rebellion a fait la même chose : ils ont commencé par bloquer des ponts à Londres et ont fini en plantant des arbres en plein centre-ville. On a besoin d’actions qui mêlent ces deux modes opératoires. Il faut mêler les résistances et les alternatives.</p>
<p>Au-delà, nous devons avoir une réflexion stratégique sur le fait de mener des actions « grand public » et des actions plus radicales. Les premières permettent d’avoir une sympathie du grand public — et pour l’avoir un peu testé, le fait de planter des arbres, il n’y a rien de plus populaire — et donc ensuite de mener des actions plus radicales. Elles auront d’autant plus de sens et de possibilité de faire bouger les choses qu’elles seront associées à d’autres actions, plus « faciles ».</p>
<p>Je m’inscris totalement dans ce qui a été fait à Notre-Dame-des-Landes ou à Bure, mais ça ne peut pas se généraliser du fait de leur contexte particulier. Les vecteurs de généralisation se trouvent du côté d’Alternatiba, d’Attac, de Bizi !, des organisations qui mènent des actions de désobéissance civile. Le blocage du sommet pétrolier à Pau début 2016, mais également les actions contre Apple, contre les banques, les fauchages de chaises, les peintures sur les vitrines. Et j’espère qu’on va arriver à un stade de maturité, de conscience du grand public, où on pourra aller plus loin, y compris en matière de redistribution directe.</p>
<p><strong>Casser des magasins comme Apple ?</strong></p>
<p>Plutôt que de dire que certaines banques ou grandes sociétés font de l’évasion fiscale et de les montrer du doigt, à quel moment va-t-on concrètement récupérer l’argent ? On n’est pas mûr aujourd’hui, mais c’est vers cela qu’il faut tendre. Revaloriser la figure du pirate, du Robin des bois, comme on a réhabilité les sorcières.</p>
<p>Nombre de Gilets jaunes sont aujourd’hui poursuivis. De même, Extinction Rebellion implique que les participants soient prêts à faire de la prison. Mais faire de la prison, ça affaiblit considérablement un mouvement, quand on voit ce qui se passe à Bure autour du contrôle judiciaire. Que faire face à cela ?</p>
<p>Dans les vidéos des arrestations d’Extinction Rebellion, les policiers anglais mettent la main sur la tête des militants pour qu’ils ne se cognent pas quand ils entrent dans le fourgon. On est loin des scènes qu’on vit en France. Donc, je ne transpose pas directement. Mais il y a des choses très intéressantes à regarder du côté de ce mouvement, comme le fait de former les gens, ou de faire des arrestations des actes politiques.</p>
<p>Cela inverse la donne : au lieu d’être une défaite, l’interpellation devient une revendication politique. C’est ce qu’ont fait plusieurs faucheurs de chaises, agissant à visage découvert et assumant le fait qu’il puisse y avoir des arrestations et un procès comme ça a été le cas de Jon Palais ou de Florent Compain. Le procès permet de porter un discours politique et de faire œuvre de pédagogie et de conscientisation.</p>
<p>Il faut que ça soit organisé, que les gens soient formés et qu’on ne les envoie pas au casse-pipe. Extinction Rebellion a été critiqué au motif que plein de personnes ne peuvent pas se permettre d’être arrêtées et d’aller en prison. Raison de plus pour que ceux qui peuvent se le permettre soient en première ligne. Cela ne veut pas dire prendre des risques inconsidérés. L’important est d’être efficace, pas de faire des martyrs.</p>
<p>On doit provoquer des débats dans la société, et ça passe par des actes qui clivent. Cela a été un des grands apports de la Zad : à un moment, dans toutes les chaumières de France, on parlait de Notre-Dame-des-Landes. Il y avait des contre, des pour, mais il y avait un vrai débat qui incluait tout le monde. Il faut qu’on trouve le moyen de provoquer un grand débat de société autour de l’urgence climatique, autour de l’extinction de la biodiversité, et ça passera par des actions qui clivent, mais qui ne sont envisageables qu’à partir du moment où on a construit un mouvement de sympathie et de construction d’alternative.</p>
<p>Le malheur des zadistes et desdits « malfaiteurs de Bure » est qu’ils ont été insuffisamment soutenus. Ils ont fonctionné en îlots de résistance, mais aujourd’hui, on a besoin que ces îlots fassent archipel. D’où la nécessité de créer des passerelles entre les réseaux qui se posent les mêmes questions dans les mêmes termes avec les mêmes envies d’action, mais qui ne se connaissent pas. Entre les gardiens de refuge, les guides de haute montagne, les forestiers de l’ONF et les mouvements organisés de militants, les partis, certaines maisons d’édition, certains médias. On a là un archipel en devenir, qui peut être très puissant s’il parvient à créer les passerelles et à mener une réflexion stratégique commune.</p>
<p><strong>Outre des actions directes, comment vit-on au quotidien avec une conscience écologiste ?</strong></p>
<p>On ne passe pas tout d’un coup de la prise de conscience qu’il y a un truc qui ne tourne pas rond à aller barbouiller les vitrines de la Société générale. Il y a besoin d’un parcours de radicalisation politique.</p>
<p>En revanche, la manière dont je consomme, dont j’achète, dont je vais mettre les mains dans la terre, relèvent plus d’un équilibre personnel que d’une revendication politique. Je n’ai pas l’impression de faire la révolution en participant à une association de jardins nourriciers. Par contre, ce sont des moments dont j’ai besoin et qui me donnent de la force pour repartir au combat politique. Quand je me balade en montagne, je me souviens de pourquoi je fais tout ça. On ne défend bien que ce qu’on a appris à aimer et qu’on a éprouvé par les sens.</p>
<p><strong>Dans un autre entretien, vous avez dit qu’il faut compléter la dimension politique par une dimension spirituelle. Qu’entendez-vous par là ?</strong></p>
<p>Je viens d’une culture politique où la spiritualité est un gros mot. L’héritage des Lumières, l’attachement à la laïcité font que tout ce qui ressemble de près ou de loin à des questions religieuses est tenu à distance de la sphère politique.</p>
<p>Mais il me semble de plus en plus qu’un changement politique et de la société nécessite qu’il y ait de vrais changements intérieurs des personnes qui sont appelées à mener cette insurrection, cette rébellion, cette révolution. Sans ces cheminements intérieurs, on fera peut-être la révolution, mais je suis de moins en moins sûr que le résultat soit meilleur que l’ancien.</p>
<p>La majorité des responsables politiques, mais aussi des militants sont pris dans une spirale de l’instantanéité, du commentaire, de l’actualité, de courir d’une lutte à l’autre… Ils ne prennent plus le temps de se poser, de lire, de méditer, de contempler, de s’ouvrir à ces temps de réflexion qu’on n’est pas obligé de valoriser immédiatement par un tweet ou une publication Facebook. Des actes désintéressés qu’on fait pour soi. C’est en ce sens que je parle de spiritualité. On a besoin d’avoir des allers-retours entre le militantisme et la réflexion.</p>
<p>Je travaille depuis plusieurs mois sur la notion de dignité du présent. Parce qu’il est difficile de garder l’énergie et le courage de militer avec la perspective de l’effondrement. Puisqu’on va dans le mur, que la victoire est de plus en plus hors de portée, à quoi bon continuer à lutter ? Ma conviction est que les raisons des combats qu’on mène ne sont pas uniquement à chercher dans des victoires futures. Elles sont aussi à chercher dans cette dignité du présent qui permet d’être fier de qui on est, de la manière dont on occupe son temps. Il y a une vraie satisfaction à militer, à mener des combats parce qu’on les estime justes et pas justes parce qu’on peut les gagner. C’est un appui dans lequel je trouve de la ressource pour continuer à avancer et à me battre.</p>
Nouvelles du Diois et du Rojava
urn:md5:39dd1eb51c6c6ea80081940a2804cd20
2018-12-31T09:23:00+01:00
2018-12-31T09:23:15+01:00
corinne morel darleux
Dystopies, coups de gueule et vagabondages
DioisMilitantisme désobéissance et résistancesRojavaVagabondages
<div class="_5pbx userContent _3576" data-ad-preview="message" data-ft="{"tn":"K"}" id="js_c" style="font-size: 14px; line-height: 1.38; margin-top: 6px; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41);">
<p style="margin: 0px 0px 6px; font-family: inherit;"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Diedec2018.jpg"><img alt="Diedec2018.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Diedec2018_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Diedec2018.jpg, déc. 2018" /></a>Entre balades en montagne sur des herbes gelées qui crissent sous les pieds, à humer les derniers brins vaillants de thym sur les versants de crête ensoleillés, et lectures stimulantes, du recueil <a href="https://lavolte.net/livres/aucun-souvenir-assez-solide/">"Aucun souvenir assez solide" d'Alain Damasio des Éditions La Volte</a> à la traduction en français de l'opus <a href="https://deepgreenresistance.fr/">Deep Green Resistance</a>, cette fin d'année prend pour moi la forme d'une mini cure de déconnexion des écrans et de réinspiration après une <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/12/22/Montez-le-son-%3A-compte-rendu-de-mandat-radiophonique-sur-RDWA">session désespérante à la Région</a> et ces dernières semaines chargées en déplacements, émotions et <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/11/15/Th%C3%A9orie-de-l%E2%80%99effondrement-%3A-%C2%AB-Le-syst%C3%A8me-actuel-de-repr%C3%A9sentation-d%C3%A9mocratique-op%C3%A8re-un-r%C3%A9tr%C3%A9cissement-de-la-pens%C3%A9e-%C2%BB">pas-de-côté</a>.</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">Après avoir effectué un grand tri vertical de dix années d'archives accumulées, je puise mon bonheur dans ce luxe inouï de calme et de sérénité que l'on trouve à cuisiner une simple poêlée de carottes avant d'aller se lover au coin du feu. Du coin de l’œil je surveille tout de même un peu les réseaux entre deux clopes roulées, furète sur le forum de <a href="https://extinctionrebellion.fr/">Extinction Rebellion France</a>, réponds aux mails les plus urgents, et l'année 2019 se remplit de jolis engagements peu à peu. Des débats à Lyon sur l'état de la planète, le dévissage de la société et la meilleure manière de s'organiser, avec Vincent Liegey le 8 janvier puis Vincent Mignerot le 8 février, le lancement du nouveau numéro de la revue Ballast, toujours à Lyon, le 19 janvier. Des rencontres Dioises autour de la permaculture, de <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/09/03/Dignit%C3%A9-du-pr%C3%A9sent-%3A-des-Racines-du-Ciel-au-Titanic">mes chères Racines du Ciel</a>, de la protection sociale ou encore d'un projet de festival pour l'été. Un dialogue sur l'effondrement avec Pablo Servigne aux rencontres de l'écologie à Die le 2 février, un projet de livre au cœur dont je n'ose encore souffler mot, et des fils de stratégie et d'action politique qui, d'échanges numériques en rencontres physiques, commencent à se tisser plus densément.</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">Enfin dès ce 9 janvier, aura lieu une <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/12/22/Nous-n-avons-pas-le-droit-de-d%C3%A9tourner-les-yeux-de-ce-qui-se-passe-en-Syrie%2C-de-ce-qui-se-construit-au-Rojava">soirée spéciale urgence Rojava</a> à Montpellier. C'est en réalité ce qui a motivé ce billet, et réussi à me recoller devant mon écran en ce dernier jour de l'année pour partager ici les mots reçus du village de Jinwar, en Syrie du Nord, à quelques kilomètres de la frontière avec la Turquie. Un village créé par et pour les femmes victimes de violences de guerres, de Daech ou simplement du système patriarcal. J'y étais au printemps dernier, mon dernier déplacement aéroporté (<a href="https://www.revue-ballast.fr/carnet-du-rojava-2-3/">récit sur Ballast</a>). Depuis, la documentariste Mylène Sauloy leur a porté de ma part des graines de Drôme qui ont été plantées dans le potager, un petit bout de Vercors semé au Rojava. Et surtout, depuis, le village s'est peuplé, l'école et le four à pain fonctionnent, Jinwar vit. Et malgré la menace permanente que tout ces efforts soient réduits à néant, la dignité et le courage sont plus que jamais là. Je vous offre ces mots venus du Rojava comme un présent de fin d'année, qui réchauffe et ravive la flamme d'une culture de résistance, faite de courage, de cœur et de loyauté. D'amour et de rage.</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">A l'année prochaine.</p>
<blockquote>
<p style="margin: 6px 0px 0px; display: inline; font-family: inherit;">Chère Corinne! <br />
Merci pour ton message de soutien, il sera partagé avec toutes les femmes du village. Ici, tout le monde est en colère contre les menaces de la Turquie, car il y a tant à perdre. Nous attendons les prochaines négociations et l'évolution de la situation, tout en continuant de vivre et de travailler à Jinwar. Jusqu'à présent, dix maisons sont habitées par des femmes et des enfants. Après l'ouverture du 25 novembre, de nombreux travaux communaux ont avancé et le village est devenu beaucoup plus beau. La boulangerie est ouverte maintenant, trois femmes font cuire du pain frais tous les jours, les enfants vont à l'école, le magasin du village est également ouvert, les femmes qui ne savent pas écrire et lire assistent à un enseignement des langues l'après-midi, des assemblées sont organisées régulièrement et le conseil du village a été formé. Ce n'est pas facile de poursuivre tous ces travaux en sachant que la guerre peut très bientôt arriver, mais il est encore plus important en ces temps de tenir et rester fidèles à ce qui nous relie, le lieu commun, les valeurs communes, la perspective commune de la vie.<br />
Nous t'envoyons nos salutations, prends soin de toi et tout le meilleur !<br />
Les femmes de Jinwar</p>
</blockquote>
</div>
Nous n'avons pas le droit de détourner les yeux de ce qui se passe en Syrie, de ce qui se construit au Rojava
urn:md5:bac944ec04d7aa4fb3b19ff12a941b26
2018-12-22T10:45:00+01:00
2018-12-22T10:51:11+01:00
corinne morel darleux
Dystopies, coups de gueule et vagabondages
InternationalRojava
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/Sara_et_sa_fille.JPG"><img alt="Sara_et_sa_fille.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/.Sara_et_sa_fille_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Sara_et_sa_fille.JPG, mai 2018" /></a><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/vie_reprend_cornet_de_glace.JPG"><img alt="vie_reprend_cornet_de_glace.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/.vie_reprend_cornet_de_glace_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="vie_reprend_cornet_de_glace.JPG, mai 2018" /></a><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/vie_reprend_quatre_femmes_au_soleil.JPG"><img alt="vie_reprend_quatre_femmes_au_soleil.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/.vie_reprend_quatre_femmes_au_soleil_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="vie_reprend_quatre_femmes_au_soleil.JPG, mai 2018" /></a><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/famille_Siham.JPG"><img alt="famille_Siham.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/.famille_Siham_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="famille_Siham.JPG, mai 2018" /></a><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/hopital_blesses.JPG"><img alt="hopital_blesses.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/.hopital_blesses_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="hopital_blesses.JPG, mai 2018" /></a></p>
<p>Voici les visages de femmes et d'hommes qui vivent en Syrie du Nord, au Rojava. Je les ai rencontrés à Kobane, Qamishle, Jinwar, au Printemps dernier. Trois millions de personnes aujourd'hui menacées par l'armée turque. </p>
<p>La situation au Moyen Orient vient de s’aggraver considérablement, avec l'annonce par Donald Trump du retrait des forces armées Etats-Uniennes de Syrie, contre l’avis de sa propre administration et de son équipe de sécurité nationale, suscitant même la démission du chef du Pentagone, Jim Mattis. Cette décision laisse la voie libre à une nouvelle attaque de la Turquie contres les kurdes et les Forces démocratiques syriennes, qui livrent toujours bataille dans le sud-est syrien où 2.000 djihadistes sont encore retranchés selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.</p>
<p>Le 12 décembre, le président turc Erdogan a annoncé sa volonté de frapper « l’est de l’Euphrate » : le Rojava, où s'inventent une vie ensemble des chrétiens, musulmans, yézidis, arabes et kurdes. Où des femmes, victimes de viols de guerre, retrouvent paix et dignité, comme au village de Jinwar. En janvier déjà, la Turquie avec l'aide d'anciens djihadistes avait envahi Afrin, jetant des milliers de réfugiés sur les routes. Afrin est aujourd'hui toujours occupée par la Turquie. De nombreux cas de persécutions, de violences sexuelles et de disparitions sont recensés. Le 13 décembre, l’armée turque a bombardé le camp de réfugiés de Makhmour et Sinjar au Kurdistan Irakien. En ce moment même, des militaires turcs, rejoints par des milliers d’anciens officiers de l'armée syrienne et de factions djihadistes, se massent à la frontière syrienne. En cas d'attaque sur le Rojava, les Kurdes seront obligées de quitter les lignes du front contre Daech pour se défendre contre l'armée turque. Des centaines de milliers de civils qui se sont réfugiés au Rojava sont menacées. Le projet unique qui s'y construit serait anéanti.</p>
<p>Nous n'avons pas le droit de détourner les yeux de ce qui se passe en Syrie, de ce qui se construit au Rojava. Il en va de notre dignité. Relayez, diffusez, témoignez de notre solidarité. #DoNotAbandonRojava #StopTurkeyDefendRojava</p>
<ul>
<li><em><a href="https://t.co/WpxQkAN08v">"Pour une déclaration exceptionnelle d'urgence sur la situation en Syrie"</a> : vidéo de mon intervention au conseil régional Auvergne Rhône Alpes pour le groupe RCES, et la réponse scandaleusement expéditive de Monsieur Meunier pour l'exécutif, en l'absence de Laurent Wauquiez </em></li>
</ul>
<ul>
<li><em>Toutes ces photos ont été prises au Printemps 2018 à Kobane, Jinwar, Qamishle. Le long de la frontière avec la Turquie. Toutes ces villes sont aujourd'hui dans le viseur de l'armée turque. </em><em>Pour en savoir plus sur ce séjour au Rojava, récit et témoignages : <a href="https://t.co/aCSH6pJ8Uh">"Carnets du Rojava" sur Ballast</a></em></li>
</ul>
<p> </p>
Montez le son : compte-rendu de mandat radiophonique sur RDWA
urn:md5:b367be52e60e5e574504ad9ec164e10d
2018-12-22T10:37:00+01:00
2018-12-22T10:37:39+01:00
corinne morel darleux
A la Région, compte rendu de mandat décalé
Région Auvergne Rhone AlpesSons et radio
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/AURA_CMD.jpg"><img alt="AURA_CMD.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.AURA_CMD_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="AURA_CMD.jpg, déc. 2018" /></a>Nouveau compte-rendu de mandat radiophonique sur la <a href="http://m.rdwa.fr/Corinne-Morel-Darleux-Rapport-de-l-Assemblee-pleniere-regionale-des-19-20-decembre-2018_a8768.html">radio indépendante du Diois RDWA</a>, suite à la session budgétaire des 19 et 20 décembre 2018. </p>
<div>- Nada pour nos trains - Trop peu pour le climat - Trop pour la chasse - Rien pour le Rojava</div>
<div> </div>
<div><em>Durée : 54'38'' - Réalisation : Saru </em> -</div>
<div> </div>
<div><img alt="http://rdwa.free.fr/Interview/2018/1963%20Interview%20%5b21.12.18%5d%20CMDsessionregion21.mp3" class="image" src="http://m.rdwa.fr/_images/ext/icon_mp3.gif" style="overflow-wrap: break-word; border: 0px; vertical-align: top; max-width: 100%; margin: 0px; padding: 0px; color: rgb(34, 34, 34); font-family: Arial, sans-serif; font-size: 16px;" /><span style="color: rgb(34, 34, 34); font-family: Arial, sans-serif; font-size: 16px;"> </span><a class="pj" href="http://rdwa.free.fr/Interview/2018/1963%20Interview%20%5b21.12.18%5d%20CMDsessionregion21.mp3" style="overflow-wrap: break-word; transition: all 0.2s linear 0s; color: rgb(36, 35, 35); font-family: Arial, sans-serif; font-size: 16px;" target="_blank">Corinne Morel Darleux : Rapport de l'Assemblée plénière régionale des 19 & 20 décembre 2018 </a></div>
<div> </div>
Vers un programme politique de résilience régionale (et de collapsologie active)
urn:md5:5400fcc6bb7c3bb74e576fb4e9149e45
2018-12-17T15:37:00+01:00
2018-12-17T15:43:31+01:00
corinne morel darleux
A la Région, compte rendu de mandat décalé
Agriculture paysanne et souveraineté alimentaireAlternativesClimat et CopCollapsologieEau et rivièresMontagneRégion Auvergne Rhone Alpes
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/act_now_XR.jpg"><img alt="act_now_XR.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.act_now_XR_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="act_now_XR.jpg, déc. 2018" /></a><em><strong>Grosse session en vue à la Région : ces 19 et 20 décembre, comme chaque année juste avant Noël, c’est le moment du budget. </strong></em></p>
<p><em><strong>Hélas, [à part peut-être la parka rouge] Laurent Wauquiez n’a pas grand-chose en commun avec le vieux monsieur aux cheveux blancs et il ne fait pas de cadeaux.</strong></em></p>
<p>Ah si, pardon <strong>[gaffe à vous, les rennes] : après les 3 millions accordés à la fédération régionale de la chasse en 2016, voici une rallonge de 3,6 millions</strong> d’euros pour des tables d’éviscération, entre autres joyeusetés d’intérêt général, et un débouché sur-mesure pour le produit de la chasse, qui pourra désormais être commercialisé sous le label « La Région du goût ». Alors si c’est pas Noël ? (Voir ici la <a href="https://www.facebook.com/fabiennegrebertregionauvergnerhonealpes/videos/274411806590556/">vidéo de ma camarade élue Fabienne Grebert à ce sujet</a>). </p>
<p><strong>L’argent continue également de couler à flots pour les canons à neige et les retenues collinaires</strong> : à nouveau 942.000 euros pour cette seule session de décembre. On en est tout de même à 39 millions, et ce malgré la sécheresse, malgré le fait qu'on perd 15 à 30% d'eau au passage des canons, par sublimation, malgré le stockage de cette eau précieuse dans des retenues ou carrément sous forme de stocks de neige d’une saison à l’autre, et alors que les premiers conflits sur l’eau éclatent : des villages sont ravitaillés en camions citernes, le lac d’Annecy s’est asséché de manière spectaculaire, et <em>in fine </em>le maire de la Clusaz s’est décidé à piocher dans les réserves destinées à la neige artificielle pour en remettre la moitié dans les tuyaux de l’eau courante. Boire ou skier, à force, ça va commencer. (Revoir ici<a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/dimanche-politique-coup-chaud-nos-stations-dimanche-16-decembre-10h50-france-3-1592295.html "> l’émission Dimanche en politique où j’ai débattu sur l’avenir des stations, la sécheresse, le ski et les canons face à deux députés LR</a>).</p>
<p><strong>Je poserai d’ailleurs une question orale sur ce sujet majeur de l’eau à Laurent Wauquiez</strong>, afin que les questions de retenues collinaires, d’irrigation agricole, d’enneigement artificiel et de services à la population soient enfin abordées de manière non dogmatique, sur la base d’études scientifiques, de rapports prospectifs, et d’un véritable débat public avec tout le monde autour de la table sur la gouvernance et l’utilité sociale des différents usages de l'eau (cliquez ici pour lire la question orale : <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/QuestionOrale-eau-CorinneMorelDarleux.pdf">QuestionOrale-eau-CorinneMorelDarleux.pdf</a>). Autrement dit, que chacun ne décide pas dans son coin d’aller puiser directement dans les barrages par exemple, comme s’apprête à le faire la station de Valmorel avec l’aide financière de la Région et la bénédiction d’EDF.</p>
<p><strong>Sorti des chasseurs et des skieurs, pour le reste, ce n’est pas la fête</strong>. A titre d’exemple représentatif de ce budget 2019 : 25 millions en moins pour la formation, et 137 millions en plus pour un plan aéronautique. Une vraie vision d’avenir... <strong>Du coup, à force de ne voir venir aucune action forte des politiques, à force de voir se multiplier les rapports scientifiques, les témoignages des acteurs de la montagne</strong> (il faut regarder <a href="https://www.youtube.com/watch?v=iJKA4psHrAg&t=&fbclid=IwAR3ggtRfnORBY4B04LCvCBu2SMfCWaaQFmQ8wIJ_R_1oQKT5_rthCbKFBrM">Ludovic Ravanel sur le bilan de la canicule 2018 sur le Mont Blanc</a>), <strong>à force de voir la Cop24 s’éteindre et l’effondrement venir, on a décidé, au groupe RCES, de mettre un coup d’accélérateur sur l’adaptation et la résilience</strong>, comme on l’avait décidé à la rentrée (<a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/09/19/Pistes-politiques-pour-une-rentr%C3%A9e-de-r%C3%A9sistance">je vous en parlais ici</a>). </p>
<p><strong>C’est à dire concrètement, inlassablement, tenir ces trois priorités : alerter, préserver ce qui doit l’être, et se préparer à ce que ce ne soit pas suffisant.</strong> Nous avons donc adossé tous nos amendements budgétaires à cette ligne. Une vingtaine d’amendements qui suivent tous la même logique, répondre à l’urgence climatique et sociale, nous adapter aux <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/10/15/A-ceux-qui-pensent-encore-que-le-climat-est-un-truc-d%E2%80%99%C3%A9colos-bobos-urbains">effets du changement climatique qui sont déjà là</a>, et rendre notre territoire résilient. Anticiper des perturbations, brutales ou lentes, grâce à la veille et à la prospective, en atténuer les effets, et se donner les moyens de rebondir. </p>
<p>Je vais notamment défendre un <strong>objectif ambitieux de plantation d’arbres</strong>, un par naissance pour commencer (cliquer ici pour lire l'amendement : <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/AmendementBudget-ArbresCorinneMorelDarleux.pdf">AmendementBudget-ArbresCorinneMorelDarleux.pdf</a>), et un <strong>plan de développement de l’agroforesterie</strong> (<a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/AmendementBudget-agroforesterieCorinneMorelDarleux.pdf">AmendementBudget-agroforesterieCorinneMorelDarleux.pdf</a>). Stockage de carbone, refuge de biodiversité, et source d’alimentation : les arbres sont nos meilleurs alliés. Nous allons aussi défendre des <strong>plans alimentaires territoriaux</strong> et l’implantation de jardins et micro-fermes locales dans les zones touristiques, pour se préparer à d’éventuelles ruptures d’approvisionnement et apprendre à vivre sans pétrole.</p>
<p>Proposer la création d’un observatoire régional de la prévention des risques naturels, et d’une <strong>Académie populaire pour renouer avec les savoirs manuels et traditionnels</strong> : l'idée m'est venue <a href="https://www.terrestres.org/2018/10/11/leffondrement-comme-metamorphose/">à la lecture de Jean Hegland</a>, c'est quand même fou de constater à quel point on sait de moins en moins, dans nos sociétés modernes, reconnaître les plantes médicinales et les champignons comestibles, coudre ou repriser un vêtement, réparer un joint ou faire une vidange, cultiver des tomates ou tuer une poule : le tout-électronique, le non-réparable, le prêt-à-consommer et le tout-jetable nous coûtent cher en achats contraints, en déchets, et nous font perdre en autonomie. Qu’est-ce qui nous empêche, à contre-courant du discours ambiant, de faire preuve d’innovation « low tech », c’est à dire innover dans l’utilisation de matériaux simples, par exemple dans la construction ou le domaine des énergies, ou encore du textile avec le chanvre par exemple ?</p>
<p><strong>Enfin, une session à la Région ne serait pas complète sans parler de trains.</strong> Nous allons donc proposer de remettre une partie du budget sur les trains express régionaux qui ont été supprimés et sur la ligne Grenoble - Gap de l’étoile de Veynes [<a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2016/12/19/Si-l%E2%80%99on-veut-que-le-train-vive%2C-il-faut-le-faire-savoir-%28Ode-au-rail%2C-3/3%2C-Chronique-Reporterre%29">un combat de longue haleine</a>]. D'autant que Laurent Wauquiez a beau tenter de parfaire son image « gilets jaunes compatible » en annonçant une baisse de 20% de la TICPE régionale, nul besoin de sortir de l’ENA pour calculer que ça ne représente que 2 petits euros d’économie par an pour l’automobiliste, mais 17 gros millions de recettes perdues pour le ferroviaire. </p>
<p><strong>Bref, on va aider la majorité de Laurent Wauquiez à mettre un peu de contenu dans ses slogans creux de « région décarbonée » ou de « 1ere région durable d’Europe ». Souhaitez-nous de la patience, on a la tenacité et le courage.</strong></p>
<p><br />
<strong>Nos amendements RCES :</strong></p>
<p> • Planter 1 arbre à chaque naissance d’un auvergnat rhônalpin<br />
• Déployer des plans alimentaires territoriaux<br />
• Aider les complexes touristiques à installer des jardins ou micro-fermes<br />
• Intégrer le patrimoine naturel dans la politique de gestion du patrimoine<br />
• Préserver un accès à la baignade pour les auvergnats et rhônalpins<br />
• Encourager les activités de montagne alternatives au ski de piste</p>
<p> • Expérimenter un plan sobriété dans les lycées et construire des lycées à énergie positive <br />
• Rénover les logements : chèques verts pour les particuliers</p>
<p> • Remettre en place les services TER supprimés<br />
• Sauver la ligne TER Grenoble/Gap (étoile de Veynes)</p>
<p> • Adapter notre appareil de formation aux métiers d'avenir : agriculture, écohabitat, espaces naturels, énergie, eau, assainissement, traitement des déchets, forêt et protection des écosystèmes</p>
<p> • Créer un fonds pour relocaliser et maintenir l’activité socialement utile<br />
• Lancer une académie des savoirs manuels et des low tech<br />
• Créer un label régional de l’entrepreneuriat social</p>
<p> • Créer un observatoire régional de la prévention des risques naturels <br />
• Lutter contre l’exclusion sociale et soutenir les initiatives citoyennes, pour redonner de la puissance d’agir <br />
• Intégrer le soutien aux migrants dans le fonds solidarité <br />
• Mettre en place un plan moustique tigre</p>