mercredi 8 avril 2009

Palais de Justice, désobéissance civique et rêves de duel...

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Je vais rejoindre les camarades des Bouches du Rhône. On a décidé de filer un coup de main au Ministre Besson. Le pauvre. Il avait déjà ses objectifs d'expulsion d'immigrés, il a maintenant de nouveaux « quotas » : 5 500 arrestations de soutiens aux sans papiers. Devant le Palais de Justice, nous allons nous constituer prisonniers.

Nous déclarer coupables de délit de solidarité, comme des milliers de citoyens partout en France.

Franchement c'est quoi, cette société où on considère que c'est un crime d'aider quelqu'un à vivre dignement ? Les témoignages de garde à vue se multiplient, sur des motifs aberrants ! L'une rechargeait les portables des migrants, l'autre s'est interposé lors d'un contrôle un peu trop musclé... Le gouvernement cherche à distiller la peur, à dissuader les citoyens de se mêler de ce qui ne les regarde pas. Sarkozy rêve d'une France où le tout est réduit à la somme de ses parties. Un agrégat d'individus, chacun dans son monde, chacun pour sa gueule. Une société d'auto-entrepreneurs, ce nouveau statut à la mode... Quand on commence à détourner le regard pour ne pas avoir d'ennuis, quand on préfère se taire quand ce sont les autres qu'on emmène, c'est toute la société qui recule, une certaine vision de l'humanité qui disparaît en silence.

En silence ? Au Port autonome de Marseille, des marins refusent désormais d'embarquer les clandestins qu'on expulse. Dans les avions, de simples passagers se découvrent citoyens militants, se lèvent et refuse de se rasseoir. Partout des personnes se rassemblent, s'organisent, décident d'agir, poussés à la révolte par la brutalité des méthodes policières, la perversité des manœuvres de l'administration, les attaques portées aux associations, la violence de l'idéologie que tout ça véhicule. Qu'est ce qu'on attend pour suivre leur exemple, tous, partout ? Qu'est-ce qu'ils pourraient faire si on refusait tous de se rasseoir sagement ? A l'appel de militants, nous avons, à quelques-uns, décidé d'apporter notre soutien à des migrants de Valence. Ce n'est pas un engagement anodin. Ca soulève des questions. Notamment de savoir jusqu'où on est prêts à aller, à titre personnel. Franchement ? Qu'ils viennent m'arrêter, je n'attends que ça. C'est facile pour moi. Je ne risque rien, j'ai la chance d'être blanche, éduquée et entourée. Mais surtout, on leur ferait une belle pub ! et une tribune politique de tous les diables.

12h35. Marseille Saint Charles.

Didier, précieux pilier de campagne dans la Drôme, est là pour m'accueillir en gare de St Charles. Le sentiment d'être de retour chez soi peut simplement naître de la présence d'un visage connu, amical et bienveillant. Où qu'on se trouve.

Didier est venu avec sa caméra pour tourner quelques images destinées à booster la campagne. Il va également me suivre en meeting et multiplie les contacts : medias, presse et radios, invitation au débat avec Michèle Rivasi, tête de liste d'Europe Ecologie dans le Sud Est, conférence de presse pour l'avant première d'un film militant... Je suis entre de bonnes mains. De nombreux militants m'entourent, m'aident, me proposent leurs services, ça me porte et me bouscule en même temps. Je ne m'appartiens plus totalement...

13h. Palais de justice de Marseille.

Marie Christine Vergiat, notre tête de liste dans le Sud Est, militante engagée de longue date pour les droits de l'homme, est au rendez-vous. Nous retrouvons aussi les camarades PG des Bouches du Rhône. Nos coordinateurs de campagne, Hélène et Gérard, Marion. Olivia, notre candidate de Marseille, très engagée auprès des sans papiers. Nous avons décalé l'horaire de notre premier comité de campagne du Front de gauche pour pouvoir tous être là. C'est un beau rendez-vous. Un rendez-vous de gauche, solidaire et fraternel.

Nous levons les bras face au Palais de justice, mains croisées comme si nous étions déjà menottés, dans un silence impressionnant. Et émouvant.

16h30. Didier me raccompagne à Taulignan, où Damien fait relais chauffeur pour que je sois à l'heure à Die. Ce soir je suis en réunion publique dans ma ville. C'est étrange. Je me rends compte de la formidable capacité d'intégration qu'a été la politique pour mon arrivée dans le Diois : je fais la bise à toute l'assemblée.

20h30. Réunion publique à Die

Philippe, le secrétaire de section du PC du Diois, introduit la soirée. Max, qui anime le PG ici, enchaine. Tous les deux insistent sur le risque de l'abstention. J'en remets une couche en rappelant que l'abstention conjuguée à la crise sociale risquent de faire le lit de l'extrême droite. Jean Marie Le Pen est tête de liste dans le Sud Est. Je reviens sur les mobilisations de cet après-midi, sur les propos honteux d'Eric Besson sur France Inter ce matin qui a parlé de « délinquants » au lieu de « migrants ». Ce n'est pas la première fois, il nous avait déjà fait le coup avec l' « invasion » africaine. L'UMP a pêché le bon poisson. Eric Besson est aussi maire de Donzère, dans la Drôme. Je l'ai invité en duel – politique - par caméra interposée. J'espère qu'il réagira.

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